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Call for Papers / Contributions

Appel à communications : Voyages réels, voyages imaginaires
15 August 2019 - 11:05am

(Bucarest)

La thématique du voyage parcourt les sciences humaines et sociales, les lettres et les langues depuis très longtemps. Il est intéressant néanmoins de constater que les approches peuvent parfois se révéler complémentaires et/ou contradictoires, en fonction des angles privilégiés par les chercheurs. De sorte que cette thématique, qui est fondamentalement interdisciplinaire et internationale, suppose des réflexions d’ordre épistémologique, conceptuel et thématique.

La mobilité, l’errance, la rencontre, l’altérité, l’ailleurs, l’exotisme, etc. sont autant de notions qui sont mobilisées dans les différents travaux sans que pour autant elles soient pensées en lien entre chaque discipline. Comment ces dernières articulent-elles ainsi leurs réflexions, notamment au sein des catégories établies du réel et de l’imaginaire ?

Nous proposons au cours de ce colloque international et interdisciplinaire de nous appuyer plus spécifiquement sur les concepts heuristiques que sont le sujet, le lieu et le récit.

Le sujet est l’individu autonome, réflexif, qui se co-construit avec son environnement, dans un lieu donné et qui est capable de mettre en récit son rapport au monde, à la nature et à la société.

Le lieu est cette portion d’espace singulière où les hommes (l’anthropos) et les sociétés entretiennent des rapports privilégiés, où leurs identités se manifestent au sein de leur quotidien, de leur ordinaire.

Le récit est la mise forme, notamment par l’écrit, de ces relations qui peuvent produire des fictions qu’elles soient romanesques, cinématographiques, artistiques et/ou culturelles.

Trois angles seront particulièrement privilégiés durant ce colloque:

Axe 1 / Épistémologie du voyage : comment les sciences humaines et sociales, les lettres et langues, appréhendent-elles la thématique du voyage, quelle qu’en soit sa forme, son contenu, sa temporalité, sa destination ?

Axe 2 / Réel et imaginaire : comment les recherches sur les voyages articulent-elles les catégories du réel et de l’imaginaire ? Comment les récits mettent-ils en scène les dimensions du réel et de l’imaginaire ?

Axe 3 / Sujet, récit et lieu : comment les lieux sont-ils mis en récit ? Comment s’organisent les relations entre sujet, récit et lieu dans les fictions romanesques et les récits de voyage ? Comment s’articulent les productions qui convoquent l’oral, l’écrit et l’image ?

Pour autant ces trois angles ne sont pas restrictifs et exclusifs des propositions qui pourront être faites et retenues dans le cadre de ce colloque. Les propositions de communications devront comporter un titre, un résumé d’une dizaine de lignes, 5/6 mots clefs et être adressées à :

Simona Corlan Ioan (Faculté d’Histoire, Université de Bucarest)

simonacorlan1@yahoo.com et simona.corlanioan@istorie.unibuc.ro

et Ecaterina Lung (Faculté d’Histoire, Université de Bucarest

ecaterina.lung@istorie.unibuc.ro

avant le lundi 16 septembre 2019.

https://item.univ-pau.fr/fr/activites-scientifiques/autres-manifestations/appel-a-communication-voyages-reels-voyages-imaginaires.html

Source: Fabula

Appel à communications : La normalisation linguistique en France et en Italie au XVIIe siècle : stratégies, mécanismes, conséquences
15 August 2019 - 11:01am

Dans le cadre d’une collaboration entre l’Université de Vérone et Sorbonne Université, nous organisons un colloque international en deux volets. L’appel ci-dessous concerne la journée d’études qui aura lieu le 14 février 2020 à Sorbonne Université.

Propositions: le 15 octobre 2019

La normalisation linguistique en France et en Italie au XVIIe siècle : stratégies, mécanismes, conséquences

Si au cours de l’histoire les courants linguistiques ont pris des visages variés, la notion de bon usage a toujours été au cœur des débats, en particulier dans les recherches sur l’époque classique en France et en Italie. Le terme de « norme », polysémique, anachronique et volontairement vague, présente comme définitif voire péremptoire un artefact en réalité complexe. C’est notre vision actuelle, influencée par une approche hégélienne de l’histoire linguistique, qui donne ce sentiment de linéarité autotélique. Or, si norme il y eut, au XVIIe, elle ne s’est pas imposée d’elle-même, comme l’a illustré l’ouvrage sur le bon usage. En adoptant une approche comparative, entre France et Italie, on peut mettre en lumière les modalités d’une normalisation qui ne va pas sans problème. En effet, ces deux langues romanes, sœurs et rivales, proposent à ces problèmes des solutions diverses dans des conjonctures singulières, notamment politiques.

Pour les élites politiques du XVIIe siècle français, la normalisation linguistique est un outil d’unification du territoire et d’imposition d’une conception de la pensée, d’où la naissance de plusieurs académies, en particulier de l’Académie française, sous l’impulsion de Richelieu. Plus largement, les élites culturelles participent à cette normalisation, en imposant un langage civil –celui de la cour ou la ruelle parisienne- opposé au parler populaire –celui du bas peuple ou des provinciaux. L’ordre langagier révèle donc un ordre social, crée des hiérarchies et exclut ceux qui n’en maîtrisent pas les codes, suivant les analyses de Bourdieu rassemblées dans Langage et pouvoir symbolique (2001). De ce fait, refuser cette normalisation revient à s’opposer aux autorités politiques et culturelles, ou tout du moins permet de mettre en lumière les enjeux sociaux du langage. À la suite des travaux de C. Jouhaud, de G.Siouffi et D. Denis, cette journée se propose de mettre en lumière une normalisation politique de la langue à l’époque classique.

La notion de bon usage en France, de même que le regard porté sur ce qui a été, presque trois siècles plus tard, appelé la norme s’en trouvent également de plus en plus sujets à révision. Les études récentes menées dans ce domaine ont amplement affiné l’idée d’un étau qui se serait de plus en plus resserré au fil du XVIIe siècle français. Ainsi, Gilles Siouffi rappelle que l’entreprise de Vaugelas se base sur « une donnée variationnelle »[1], la rupture avec le modèle latin ne débouchant pas sur une contrainte étriquée mais sur « une des formes les plus achevées de réflexivité linguistique »[2]. Francine Mazière évoque d’ailleurs les nombreux conflits dont furent parsemés le travail des savants et leur discussion polémique sur le bon usage de tels ou tels terme ou forme, et relie la variation au doute, lequel aurait encouragé cette « réflexivité » et permis de prendre conscience qu’en français, les « propriétés générales [se reconnaissent] par le fait qu’elles peuvent être en concurrence et/ou harmonie »[3].

Le point commun propre à la période en question serait, pour le français, « un sentiment d’imperfection »[4] chez les locuteurs, ainsi qu’une « insécurité linguistique (…) vis-à-vis du latin (…) et l’italien »[5] et un souci d’« amélioration de l’usage »[6]. Le « génie » de la langue n’est, de ce fait, non plus un absolu dont les règles seraient dictées de l’extérieur mais une source à la fois pérenne et éventuelle qui est « avant tout contenu[e] de manière potentielle dans chaque locuteur »[7]. L’opposition traditionnelle entre parlers des honnêtes gens, d’un côté, et du peuple de Paris, de l’autre, cesse par ailleurs d’être binaire et si simple, au vu des travaux des dernières décennies consacrés aux variations diastratiques, diatopiques et diaphasiques sur la même période[8].

Un regard au-delà des Alpes vient nourrir ces premiers constats. C’est pourquoi, le positionnement critique retenu pour cette journée d’étude a été celui des « regards croisés ». Avec la publication du Vocabolario degli Accademici della Crusca en 1612, l’Italie du Seicento se distingue dans la République des Lettres de l’époque par la première entreprise de formalisation lexicographique : la langue toscane prime donc sur toutes les autres langues qui émaillent la physionomie linguistique de la Péninsule et, ce, à travers des dispositifs normatifs contraignants qui déclenchent une polémique acérée autour de la norma cruscante[9]. Loin de représenter une stagnation dans la réflexion linguistique de l’époque le succès du Vocabolario est le point de départ d’un approfondissement des questions linguistiques qui trouve dans la publication du célèbre ouvrage de Daniello Bartoli, Il Torto e ‘l diritto del non si può (1655), un moment de crispation et de problématisation majeur. Ouvrage pionnier et unique en son genre, cette anthologie de remarques déstabilise le critère de la précellence de la tradition florentine issu du canone bembiano par son « intuition d’une forme asymétrique et polycentrique de l’idiome italien »[10] ; en effet, en laissant aux auteurs contemporains non seulement une pluralité de choix langagiers sur la base d’une étude attentive des grands textes littéraires, mais aussi une marge de liberté intellectuelle, où seul le buon gusto est arbitre[11], Bartoli consigne à la culture italienne de l’époque un texte novateur qui libère les consciences des modalités de transmission de la tradition littéraire devenues autoritaires (classicismo) ainsi que des ferments de subversion esthétique (anticlassicismo). Dès son titre, par l’évocation problématisée d’une dimension légale, voire légaliste, du fait linguistique, l’ouvrage de ce jésuite signe la cristallisation d’un nouveau débat, en terre italienne, autour des notions de bon goût et de sentiment linguistique comme « une négociation in vivo de l’expérience linguistique et discursive »[12] qui s’incarne dans des pratiques « nécessairement adossées à des normes et à des représentations préexistantes »[13]. C’est pourquoi, il serait instructif d’interroger d’un côté les textes (littéraires, linguistiques, scientifiques) du Seicento italien à la lumière de leurs modalités de transmission, de problématisation ou de remise en cause de la norme que les autorités intellectuelles de l’époque s’efforcent de vulgariser et de l’autre de s’intéresser aux modalités par lesquelles cette norme est filtrée dans les textes proprement linguistiques. Une confrontation avec la situation du français du XVIIe siècle, parvenu selon un sentiment commun à son point de perfection, pourrait apporter de nouveaux éléments de réflexion, notamment en ce qui concerne les modalités à travers lesquelles le défi de la normalisation se concrétise dans les textes et par les textes.

À une époque où l’anti-italianisme imprègne le « mouvement d’idéalisation du français »[14], dans quelle mesure les appréciations peu élogieuses du côté français favorisent l’essor d’un renouvellement de la réflexion linguistique en Italie, dont la fondation de l’Arcadia poetica en 1690 représente un événement majeur ? Est-ce que les ferments de la libéralisation linguistique italienne influencent la pensée linguistique en France, et vice versa ? Y-a-t-il des points de rupture et des points d’ancrage ? En quoi le processus de normalisation diverge dans les deux pays en fonction des différentes situations politiques et sociales ? Est-il possible de déterminer une correspondance directe et exclusive entre les modes respectifs de standardisation de la langue ? Et, par ailleurs, si l’on considère, du point de vue chronologique, l’accomplissement de ces processus, on peut se demander quelle est l’incidence que la Querelle des Anciens et de Modernes exerce, en France comme en Italie, sur les dynamiques de la normalisation linguistique. Est-ce que ce moment problématique de la conscience intellectuelle française, en questionnant l’héritage ancien et en proposant de nouvelles possibilités littéraires, signe une démarcation importante vis-à-vis du sentiment linguistique ? En quoi normalisations lexicale, grammaticale e politiques participent-elles d’une même volonté fédératrice à un moment de crise – et de prise – de conscience qui va dans un même élan fonder les langues françaises et italiennes, alors que l’unification des deux États diverge sur le plan politique ?

Les propositions pourront se consacrer à l’analyse de cas particuliers ou à des problématiques transversales nécessitant d’une approche interdisciplinaire et qui dépasse le cadre strictement littéraire pour s’élargir aux textes scientifiques, historiques, administratifs. Les enquêtes pourraient par exemple questionner :

Les institutions responsables de la normalisation (instances étatiques ou au contraire marginales, à l'exemple de Port-Royal ; réflexions individuelles particulièrement percutantes, à l’exemple de Daniello Bartoli et de Benedetto Buonmattei).

Les sujets de débat, les querelles linguistiques (histoire, enjeux, impact). Les positionnements dans les débats sont-ils toujours nets et consensuels ou bien cachent-ils des zones troubles, influencées par des intérêts personnels ou partisans ?

La mise en scène ou la transcription de cette normalisation dans les différents supports de l'écrit (mesures officielles et déclarations publiques, textes polémiques et humoristiques voire représentations de scènes de conversations sur la langue dans les romans et dans les genres mondains). 

L’évolution différenciée entre oral et écrit, entre régions, entre agglomérations urbaines et campagnes, notamment en Italie. 

L’impact politique de cette normalisation au sein des régions nouvellement conquises. 

La réception et l’intériorisation de la norme chez les locuteurs.

*

MODALITÉS PRATIQUES

Les propositions de communication en français ou en italien (400 mots maximum) sont à déposer avant le 15.10.2019 à l’adresse suivante : je.normes.xvii@gmail.com

Une réponse sera donnée à ces propositions 15.11.2019 au plus tard.

Organisateurs 

Giovanna Bencivenga, Joséphine Gardon, Oleg Averyanov

(doctorant.e.s en histoire de la langue française à Sorbonne Université) 

 

Bibliographie indicative :

Bartoli, D., Il Torto e ‘l Diritto del non si può, a cura di S. Bozzola, U. Guanda Editore, 2009. Ayres-Bennett, W., Sociolinguistic variation in seventeenth-century France : methodology and case studies, Cambridge, Cambridge university press, 2004. Ayres-Bennett, W., Seijido, M., Remarques et observations sur la langue française : histoire et évolution du genre, Paris, Classiques Garnier, 2011. Bon usage et variation sociolinguistique. Perspectives diachroniques et traditions nationales, Ayres-Bennett (dir.), W., Seijido, M. (dir)., ENS de Lyon, 2013. Bourdieu, P., Langage et pouvoir symbolique, Points, 2001. Buonmattei, B., Della Lingua toscana, a cura di M. Colombo, presentazione di G. Lepschy, Firenza, Presso l’Accademia, 2007. Bozzola, S., Tra Cinque e Seicento. Tradizione e anticlassicismo nella sintassi della prosa letteraria, Firenze, L. Olschki, 2004. Coletti, V., La Standardizzazione del linguaggio. Il caso italiano, in F. Moretti, Il Romanzo, La cultura del romanzo, Torino, Einaudi, 2001. Colombo, M., « Alcuni fenomeni linguistici nelle grammatiche secentesche da Pergamini a Vincenti»,  Studi di Grammatica Italiana, XXVI, 2007, pp.  67 - 106. Il Vocabolario degli Accademici della Crusca (1612) e la storia della lessicografia italiana, atti del X convegno dell’Associazione per la Storia della Lingua Italiana (29.11-01.12.2012), a cura di L. Tomasin, Firenze, Cesati, 2013. 
 La norme lexicale. Etudes rassemblées par Gilles Siouffi et Agnès Steuckardt. Université Paul-Valéry Montpellier III, Presses Universitaires de la Méditerranée, Dipralang, 2001. Le Jugement de l’oreille (XVIe-XVIIIe siècles), Steuckardt, A. (dir.), Thorel, M. (dir.), Paris, Honoré Champion, 2017, p. 83. Kibbee, D., « ²Liberté² et ²tyrannie² dans le discours normatif », in Langue commune et changement des normes, S. Branca-Rosoff, J.-M. Fournier, Y. Grinshpun, A. Régent-Susini (éds.), Paris, Champion, 2011. Idem, « Présentation : L’autorité de l’état et l’autorité linguistique », in Histoire Épistémologie  Langage, 2002, 24-2, p. 5-27. Lodge, R. Anthony, Le français. Histoire d’un dialecte devenu langue, traduit de l’anglais par Cyril Veken, Fayard, 1997. Maraschio, N., « L’Accademia della Crusca e la lingua italiana fra Nazione e Europa », communication prononcée le 20 octobre 2003, mise en ligne le 3 mai 2004 : http://www.accademiadellacrusca.it/it/scaffali-digitali/articolo/laccad… Marazzini, C., Da Dante alla lingua selvaggia. Sette secoli di dibattiti sull’italiano, Roma, Carocci, 2009. Idem, Il Secondo Cinquecento e il Seicento, in Storia della lingua italiana, a cura di F. Bruni, Mulino, Bologna, 1993. Merlin-Kajman, H., La Langue est-ele fasciste ? Langue, pouvoir, enseignement, Paris, Seuil, 2003. Parodi, S., Quattro secoli di Crusca 1583-1983, Firenze, Accademia della Crusca, 1983. Raimondi, E., « Grammatica e retorica nel pensiero del Tesauro », in Id., Letteratura barocca. Studi sul Seicento italiano, Firenze, Olschki, 1982, pp. 33-49. Rey, A., Duval, F., Siouffi, G., Mille ans de langue française, histoire d’une passion, volumes 1 et 2, Tempus Perrin, 2011. Serianni, L., Introduzione alla lingua poetica italiana, Roma, Carocci, 2001. Idem, « La lingua del Seicento : espansione del modello unitario, resistenze ed esperimenti centrifughi», in E. Malato [a cura di], Storia della letteratura italiana. V. La fine del Cinquecento e il Seicento, Milano, Il sole 24 ore, pp. 561-595. Siouffi, G., Le Génie de la langue française. Etudes sur les structures imaginaires de la description linguistiques à l’Âge classique, Paris, Honoré Champion, 2010. The Fairest Flower. The Emergence of Linguistic National Consciousness in Renaissance Europe, ed. M. Bircher, Firenze, Accademia della Crusca, 1985. The French Language and questions of identity, W. Ayres-Bennet et M. Jones eds., Studies in Linguistics, Oxford, Legenda, 2007. Vitale, M., La Questione della lingua, Palermo, Palumbo, 1960.

 

*

 

[1] Siouffi, G., « La norme lexicale dans les Remarques sur la langue française de Vaugelas », in La norme lexicale, Etudes rassemblées par Gilles Siouffi et Agnès Steuckardt, PULM, Dipralang, 2001, p. 65.

[2] Idem, p. 67.

[3] Mazière, F., « Langue, usage, variation chez Meigret, Macé, et dans le Dictionnaire de l’Académie », in Bon usage et variation sociolinguistique. Perspectives diachroniques et traditions nationales, ENS de Lyon, 2013, p. 50.

[4] Siouffi, G., op. cit., p. 61.

[5] Ibidem.

[6] Idem, p. 62.

[7] Siouffi, G., « Le jugement de l’oreille et la subjectivation du discours chez les remarqueurs », in Le jugement de l’oreille (XVIe-XVIIIe siècles), Paris, Honoré Champion, 2017, p. 83.

[8] Voir les travaux de W. Ayres-Bennett et M. Seijido cités dans la bibliographie, ainsi que le recueil Bon usage et variation sociolinguistique cité plus haut, publié sous leur direction.

[9] Voir Maurizio Vitale, La Questione della lingua, Palermo, Palumbo, 1960.

[10] Sergio Bozzola, « Introduzione », in Daniello Bartoli, Il Torto e ‘l Diritto del non si può, a cura di Sergio Bozzola, Modena, Fondazione Pietro Bembo/Ugo Guanda editore, 2009, p. xii-xiii. Nous traduisons.

[11] Ibidem, p. xii-xiii et xxxviii-xix.

[12] Gilles Siouffi, « La ponctuation entre imaginaire et sentiment linguistique », Linx, 75 | 2017, mis en ligne le 23 novembre 2018, consulté le 03 mai 2019. URL : http://journals.openedition.org/ linx/1867 ; DOI : 10.4000/linx.1867, ici p. 6 du pdf.

[13] Ibidem.

[14] Gilles Siouffi, « Cela n’est pas français », dans F. Duval, G. Siouffi, A. Rey, Mille ans de langue française. Histoire d’une passion, Paris, Perrin, 2007, p. 697.

Appel à communications : Frontières de l'image
15 August 2019 - 10:38am

20-21 mars 2020  

Université Paris Est Créteil  

Laboratoire IMAGER EA 3958  

  (L'anglais suit)

Sous l’intitulé « Frontières de l’image », nous proposons d’ouvrir un nouvel espace de réflexion et de discussion sur les enjeux de l’image envisagée dans la pluralité de ses acceptions, pour faire suite à la série de séminaires qui ont eu lieu à Créteil entre 2017 et 2019 et à la journée d’étude du 23 Novembre 2018 : « Pouvoirs de l’image : Affects et Émotions ».  

L’omniprésence des images pose au chercheur la question de leur conceptualisation : on constate que le terme recouvre une diversité d’objets menant à des définitions instables et des questionnements mouvants. C’est ce dynamisme conceptuel que nous avons voulu placer au cœur de notre réflexion.   

En établissant des distinctions entre visuel, graphique, perceptif, mental et verbal, W.J.T Mitchell (1984) montre que les images ont souvent été étudiées et diversement définies selon les champs disciplinaires qui pouvaient s’y intéresser (histoire de l’art, philosophie, psychologie, littérature, etc.) mais il nous invite aussi à repenser ces définitions pour croiser différentes approches et ainsi, modifier les relations que nous entretenons avec elles. Comment pourrait-on définir une image qui irait « au-delà des frontières du visuel » ainsi que le préconise Mitchell ?   

Une image se définit-elle par ses frontières ? La définition d’une image varie-t-elle en fonction de son médium ? (photographie, cinéma, peinture, dessin, texte….) Comment les frontières de l’image visuelle sont-elles interrogées par d’autres pratiques artistiques ? (musique, danse, théâtre, performance…) Dans la mesure où les nouvelles technologies peuvent se substituer aux savoir-faire des artistes dans le traitement des matériaux –production d’effets de vraisemblance, altération des impressions visuelles captées sur un support, par exemple–, nous proposons de poursuivre le travail de redéfinition de l’art et de ses frontières, auquel nous incite cette malléabilité des images. La relation entre réel et virtuel avec les nouvelles technologies induit-elle une modification anthropologique de notre perception ?   

On pourra s’intéresser plus particulièrement aux trois axes suivants :  

Axe 1 : poétique de l’image ; rapport entre langue et image  

On s’intéressera au processus créatif de l’image poétique pour interroger notamment le rapport d’antériorité entre objet et image. A l’instar de Persée, le poète doit passer par l’indirection, le mythe, la fiction (compris dans son étymologie de fingere), la création d’images, pour tenter de ramener le monde dans le langage. L’existence même de l’image serait toujours déjà prise dans une indirection qui la postule dans un après-coup illusoire :« l’image, d’après l’analyse commune, est après l’objet : elle en est la suite ; nous voyons, puis nous imaginons. Après l’objet viendrait l’image. ‘Après’ signifie qu’il faut d’abord que la chose s’éloigne pour se laisser ressaisir. [. . .] L’éloignement est ici au cœur de la chose » (Blanchot, 1955, p. 343). Cet éloignement intrinsèque à l’image rendrait donc son rapport à la « chose » indéterminé, indéfini : « le bonheur de l’image, c’est qu’elle est une limite auprès de l’indéfini » (Ibid., pp. 341-42). Les frontières entre l’image et le réel seraient-elle donc à considérer en termes spatiaux et temporels ?  

La frontière ténue entre image et objet, s’il en est une, croise également la frontière entre texte et image : comme les travaux d’Anne-Marie Christin sur l’écriture ont pu le démontrer (2009), le texte peut parfois être considéré comme image avant d’être lu comme tel. Depuis l’existence de l’imprimerie, écrivains et poètes n’ont eu de cesse d’explorer la matérialité de l’écriture en jouant avec différents types de supports, encres, typographies… les romans visuels hérités d’œuvres comme Tristram Shandy de Lawrence Sterne pourraient avoir une place de choix dans le colloque, et particulièrement en ce qu’ils peuvent interroger la part d’implicite de la langue en regard des images qui se donnent ouvertement à lire et/ou à voir.   

L’image poétique, telle que la travaille la langue, pourra aussi être une piste de travail à travers une réflexion sur la métaphore et la métonymie, en référence aux travaux de Jakobson ou à ceux de Guy Rosolato par exemple, pour qui l’oscillation entre ces deux pôles est en elle-même source de jubilation esthétique. Ainsi, un texte peut-il, sans être d’emblée perçu comme imagé, s’infléchir vers une interprétation métaphorique ou “faire image” ?  

Axe 2 : Image et politique   

La question des frontières de l’image évoque prosaïquement le cadrage –champ, hors-champ– et le point de vue –quel angle, et quel angle-mort ? En cela, l’auteur de l’image est celui qui a le pouvoir d’inclure et d’exclure de la représentation, de communiquer par l’image son point de vue sur le sujet représenté. Interroger les frontières de l’image, c’est donc aussi poser la question de l’autorité et de la légitimité des points de vue. Dès lors, déplacer les frontières entre auteur et sujet des représentations a conduit à inventer de nouvelles pratiques de l’image dont la diversité et l’impact restent encore peu étudiées. Différents groupes sociaux, des femmes aux minorités ethniques et LGBTQ, ont ainsi exploré leur sentiment d’appartenance et de communauté par l’image sous toutes ses formes. En répondant aux stéréotypes et aux représentations dominantes, leurs images n’en ont-elles pas révélé les frontières invisibles ? Plus largement, on pourra explorer le rôle des images dans la création de normes ou comment, par le miroir des images et les processus d’identification, les frontières des images se traduisent parfois en hiérarchies, modèles ou frontières sociales.   

S’agissant de violence politique, on pourra aussi s’interroger sur les limites du tolérable dans une image : qu’est-ce qui la rend intolérable ? Est-ce sa capacité à offrir la réalité de l’horreur à la jouissance des voyeurs ? Est-ce, au contraire, son incapacité à rendre compte de la totalité de l’horreur ? Dans ce cadre, on pourra s’interroger sur les dispositifs de visibilité qui bousculent les logiques de la banalisation et ravivent notre attention envers les corps souffrants.  

Axe 3 : Transformation anthropologique.  Sommes-nous à une nouvelle ère de l’image, de la perception ?  

À l’ère de la reproduction mécanique des images (Benjamin) et de leur circulation accélérée sous format numérique par internet et les réseaux sociaux, les frontières de l’image semblent n’avoir jamais été aussi mouvantes. Appropriations, détournements et memes se jouent à loisir des définitions traditionnelles de l’image (Gunthert). Ainsi les nouvelles frontières des images sont-elles désormais à rechercher dans les usages qui en sont faits et dans les contextes qui leur donnent sens ? Ou encore, la fluidité extrême de l’image numérique ne doit-elle pas nous amener à repenser entièrement notre définition même de l’image et de ses frontières, au-delà de sa matérialité, pour s’intéresser davantage à la phénoménologie de la perception (Hansen), à la réponse corporelle, aux affects et émotions qu’elle suscite ?    

Ce colloque rassemblera des chercheurs de différentes spécialités appartenant aux aires culturelles anglophones, hispanophones, italophones et germanophones reflétant ainsi la pluralité des spécialités de recherche représentées au Laboratoire IMAGER. Les communications pourront porter sur différentes périodes de la Renaissance à la période contemporaine.  

Date limite d’envoi des propositions : 15 septembre 2019  

Réponse aux participants : 15 octobre 2019  

Les propositions, d’une longueur de 500 mots environ, assorties d’une courte bio-bibliographie, sont à envoyer à marie.olivier@u-pec.fr et claire.fabre-clark@u-pec.fr  

 

Comité d’organisation :  

Karine Chambefort-Kay, Claire Fabre, Ivan Jimenez, Marie Olivier, Stéphane  Resche  (laboratoire IMAGER).  

 

Comité scientifique : 

Perle Abbrugiati, Aix-Marseille Université.  Jérôme Bazin, Université Paris-Est Créteil.  Mathilde Bertrand, Université Bordeaux Montaigne.  Géraldine Chouard, Université Paris-Dauphine.  Corinne Cristini, Sorbonne Université.  Pitsie Feenstra, Université Montpellier 3.  Isabelle Gadoin, Université de Poitiers.  Giovanni Joppolo, École nationale supérieure d'art-Villa Arson de Nice.  Emmanuel Vincenot, Université Paris-Est Marne-la-Vallée.  Karine Winkelvoss, Université de Rouen. 

 

 

 

‘The Frontiers of the image’  

International Conference  

20-21 March 2020  

Université Paris-Est Créteil  

IMAGER EA 3958  

  

  

With the title « The frontiers of the image » we would like to open up a new space for discussion and reflection on the notion of “image” in the plurality of its acceptations, following a series of seminars which took place in Créteil between 2017 and 2019, and more specifically after our conference of November 23, 2018 entitled “Pouvoirs de l’image: affects et émotions” (“The Power of the Image: Affects and Emotions”.)   

The omnipresence of images raises the question of their conceptualization: the term encompasses a great diversity of objects which have given rise to unstable definitions and queries. It is this conceptual dynamism that we wish to place at the heart of our conference   

By establishing distinctions between the visual, the graphic, the perceptual and the verbal aspects of images, W.J.T Mitchell (1984) has shown that: the definitions of images vary according to the disciplines and perspectives from which they are studied (art history, philosophy, psychology, literature etc.) but his essay also invites us to reconsider the definitions of images and how, by combining the different approaches they  may modify our relationship with them. As Mitchell asks, is it possible to define an image which would go (goes) “beyond the frontiers of the visual”?   

Is an image defined by its frontiers? Does the definition of an image vary depending on its medium? (photography, film, painting, drawing, text, etc.) How are the frontiers of the visual image redefined by other artistic practices (music, dance, theater, performance…)? Insofar as new technologies may supplement artistic skills in the production of a work –by creating new effects of verisimilitude, or altering the visual impressions captured by a medium –we wish to pursue the redefinition of art and its frontiers prompted by the malleability of images. Does the new relationship between the virtual and the real entail an anthropological transformation of our perception?   

   

The following three themes will be considered:   

  

Theme 1: The poetics of the image: the relationship between language and image  

It will be possible to envisage the creative process of the poetic image and the question of anteriority between object and image. Like Perseus, the poet follows an indirect route which involves myth, fiction (to be understood in its etymological sense of fingere) and the creation of images whenever he wants to transcribe the world into language. The very existence of the image is thus always part of an indirect movement which artificially posits it secondary to the object, as Blanchot states: “The image, according to the ordinary analysis, is secondary to the object. It is what follows. We see, then we imagine. After the object comes the image. "After" means that the thing must first take itself off away in order to be grasped. But this remove is not the simple displacement of a moveable object which would nevertheless remain the same. Here the distance is in the heart of the thing.” (Blanchot, 1982, p. 254). It seems as though this intrinsic distance of the image renders its relation to the object indeterminate and indefinable: “The gratifying aspect of the image is that it constitutes a limit at the edge of the indefinite.” (Ibid. p. 253) Should we then consider the frontier between the real and the image in spatial and temporal terms?  

The tenuous frontier between image and object intersects with the frontier between image and text. As Anne-Marie Christin has demonstrated in her work on writing (2009), a text can sometimes be considered as a visual image before being read as a text. Ever since printing has existed, writers and poets have never ceased to explore the materiality of writing by playing with different types of materials, ink, typography etc. The visual novels directly inherited from works like Tristram Shandy by Lawrence Sterne, could occupy an important place in this conference particularly in the way that they expose the implicitness of language and the apparent explicitness of images.   

The poetic image could also offer another line of study through a reflection on metaphor and metonymy, in reference to Roman Jakobson’s or Guy Rosolato’s works (for example), for whom the oscillation between those two poles is a source of aesthetic jubilation. Thus can a text, which at first sight seems devoid of literary “images” move towards a metaphorical interpretation, or become an image in itself?  

  

Theme 2: Political frontiers  

Examining the frontiers of images inevitably raises the question of framing –what is on screen or off screen– and that of viewpoint – what is the visual angle and what are the blind spots? In this regard, the author of an image has the power to include or exclude from representation, as he or she conveys his or her own point of view on the subject. Therefore, the question of frontiers, concerning images, is bound up with notions of authorship and the legitimacy of viewpoints. In many instances, addressing the frontiers between the author and the subject of images has meant inventing new visual practices, the diversity and impact of which still require further study. Many social groups, including women, ethnic minorities and LGBTQ communities, for example, have explored their sense of belonging and community by producing images of all kinds. If such images offer a response to stereotypes and dominant representations, how do they reveal the latter’s invisible frontiers? More generally, one could examine the role played by images in the creation of norms, or in other words, how the frontiers of images sometimes produce social standards, hierarchies and borders.  

As concerns political violence, the question may also be raised as to what can be tolerated in an image: what are the limits of the (un)bearable? What takes a picture beyond bearable? Is it the way it offers the reality of horror for its viewers to relish? Or conversely, is it a picture’s inability to render the full horror of a scene? Within this prospect, it will be useful to consider how devices entailing more visibility may paradoxically upset the mechanisms of compassion fatigue and stir the viewers’ attention towards suffering bodies.  

  

Theme 3: Anthropological transformation: is this a new era for images and perception?  

In the age of the mechanical reproduction of images (Benjamin) and of their instant circulation as digital objects via the internet and social media, the frontiers of pictures have never seemed so labile. Appropriations, imitations and memes have consistently challenged the traditional frontiers of images (Gunthert). Is it the case then, that the new frontiers of images should now be defined by the uses that are made of them and by the contexts that frame their meaning? The extreme fluidity of digital images today may require us to entirely rethink our definition of images and their frontiers, by shifting beyond their material condition and taking a greater interest in the phenomenology of perception (Hansen), in the body’s response to them, or in the affects and emotions that they elicit.  

   

This conference will bring together scholars from the English-, Spanish-, Italian- and German-speaking cultural fields of research, thus reflecting the diversity of research within the group IMAGER. Papers addressing all periods of time from the Renaissance to the contemporary period are welcome. 

Please send your proposals to marie.olivier@u-pec.fr and claire.fabre-clark@u-pec.fr by 15 September 2019 with an abstract of about 500 words and a brief biographical notice.  

Feedback will be sent by 15 October 2019 

 

Organizing committee: 

Karine Chambefort-Kay, Claire Fabre, Ivan Jimenez, Marie Olivier, Stéphane Resche (laboratoire IMAGER).  

  

Scientific committee: 

Perle Abbrugiati, Aix-Marseille Université.  Jérôme Bazin, Université Paris-Est Créteil.  Mathilde Bertrand, Université Bordeaux Montaigne.  Géraldine Chouard, Université Paris-Dauphine.  Corinne Cristini, Sorbonne Université.  Pitsie Feenstra, Université Montpellier 3.  Isabelle Gadoin, Université de Poitiers.  Giovanni Joppolo, École nationale supérieure d'art-Villa Arson de Nice.  Emmanuel Vincenot, Université Paris-Est Marne-la-Vallée.  Karine Winkelvoss, Université de Rouen. 

  

References  

Alloa, Emmanuel, ed. Penser l’image. Dijon : Presses du réel, 2010.  

---, ed. Penser l’image II. Anthropologies du visuel. Dijon : Presses du réel, 2015.  

---, ed. Penser l’image III. Comment lire les images ? Dijon : Presses du réel, 2017.  

Barthes, Roland. La Chambre claire. Paris : Éditions de l’Étoile, Gallimard, Le Seuil, 1980.  

 L’obvie et l’obtus. 1964. Essais critiques III. Paris : Seuil, 1982.   

Blanchot, Maurice. L’Espace littéraire. Paris : Gallimard, coll. folio essais, 1955.  

---. The Space of Literature. Trans. Ann Smock. Lincoln: U of Nebraska P, 1982.  

Didi-Huberman, Georges. Images malgré tout. Paris : Éditions de Minuit, 2003.  

---. Quand les images prennent position. Paris : Éditions de Minuit, 2009.  

---. Peuples exposés, peuples figurants, tome 4 de L’Œil de l’histoire. Paris : Éditions de Minuit, 2013.  

---. Peuples en larmes, peuples en armes, tome 6 de L’Œil de l’histoire. Paris : Éditions de Minuit, 2016.  

Calvino, Italo. Leçons américaines, Six propositions pour le prochain millénaire. 2002. Trad. Christophe Mileschi. Paris : Gallimard, 2017.  

Calvino, Italo. Nos ancêtres. Trad. Martin Rueff. Paris : Gallimard, 2018.   

---. « Comment j’ai écrit un de mes livres ». Actes sémiotiques VI. 51 (1984) : 1-23.  

Christin, Anne-Marie. La Déraison graphique. Paris : Flammarion, 2009.  

Gunthert, André. L’image partagée, La photographie numérique. Paris : Textuel, 2015.  

Benjamin, Walter. L’Œuvre d’art à l’époque de sa reproductibilité technique (1939). Trad. Frédéric Joly. Paris : Payot, 2013.  

Hansen, Mark B. H. New Philosophy for New Media. Cambridge: MIT Press, 2004.  

Jakobson, Roman. Essais de linguistique générale. Paris : Minuit, 1963.   

Mulvey, Laura. “Visual Pleasure and Narrative Cinema.” Film Theory and Criticism: Introductory Readings. Eds. Leo Braudy and Marshall Cohen. New York: Oxford UP, 1999. 833-44.  

Mitchell, W. J. T. “What Is an Image?” New Literary History 15.3, Image/Imago/Imagination (Spring, 1984): 503-537.  

---. Image Science: Iconology, Visual Culture, and Media Aesthetics. Chicago: University of Chicago Press, 2015.  

Rancière, Jacques. Le Destin des images. Paris : La Fabrique, 2003.  

Rancière, Jacques. Le Spectateur émancipé. Paris : La Fabrique, 2008.   

Rosolato, Guy. « L’oscillation métaphoro-métonymique ». La Relation d’Inconnu. Paris : Gallimard, 1978. 

http://imager.u-pec.fr/

Appel à communications : Anachronismes
15 August 2019 - 10:31am

Colloque organisé par le Centre de Recherches Interdisciplinaires et Transculturelles (CRIT, EA 3224),

Université de Franche-Comté

Musée du Temps, Besançon

19-20 mars 2020

 

Organisatrices

Anne Deffarges, Université de Franche-Comté, CRIT

Hélène Valance, Université de Franche-Comté, CRIT

 

Comité scientifique

Sylvie Aprile, Université Paris Nanterre

Gil Bartholeyns, Université de Lille

Laurence Dahan-Gaida, Université de Franche-Comté

Rémi Labrusse, Université Paris Nanterre

Laurence Reibel, Musée du Temps, Besançon

Daniele Rivoletti, Université de Clermont Auvergne

Marie-Jeanne Rossignol, Université Paris Diderot

Steven Sarson, Université Lyon III Jean Moulin

 

Appel à communications

Brutus: “Peace! Count the clock.”

Cassius: “The clock has stricken three.”

William Shakespeare, Julius Caesar, II, i,193-94

A l’heure où la vérité historique, tournée en mystification complotiste ou soumise à la censure de nationalismes résurgents, est de plus en plus ouvertement menacée par le pouvoir politico-médiatique, il semble urgent d’interroger l’usage que nous faisons des retours plus ou moins imaginaires de l’histoire. Si l’on décrit souvent le 19ème siècle comme celui qui a vu se constituer l’histoire en tant que savoir, l’approche positiviste n’est pas, loin de là, la seule qu’aient pratiquée les historien.ne.s, penseur.se.s, artistes et écrivain.e.s de l’époque contemporaine. En marge d’une vision de l’« histoire » scientifique et rationnelle, se dessine en effet une représentation beaucoup moins disciplinée, beaucoup plus baroque du passé, marquée par la distorsion, la bifurcation, l’incohérence. Parmi ces aberrations, la figure de l’anachronisme semble particulièrement évocatrice. A première vue anecdotique et amusant, voire ridicule, les décalages de l’anachronisme ouvrent en réalité un vaste champ fertile de significations pour les chercheu.r.se.s de nombreuses disciplines.

L’anachronisme est souvent le premier indice d’une contrefaçon historique : il signale une réécriture parfois délibérée, parfois inconsciente mais qui est toujours le témoin de la projection du présent dans le passé à laquelle aucun.e historien.ne, même le.la plus consciencieux.se, ne semble pouvoir entièrement échapper. Il pose de manière incongrue la question de l’interprétation de l’histoire, des multiples relais entre passé et présent. Il affecte particulièrement le travail de traduction, comme on le voit avec les transpositions chrétiennes dans les traductions médiévales d’œuvres antiques, ou, plus récemment, dans l’introduction de termes médiévaux dans la version française de Game of Thrones, alors que le texte original de George R. R. Martin est écrit dans une langue très moderne. Pourtant, parce qu’il nous aide à nous identifier au passé et par là à mieux le comprendre, l’anachronisme n’est pas seulement une déviance, mais incarne plutôt une voie d’entrée particulière dans l’histoire. En ce sens, il invite aussi à une réflexion épistémologique pour l’historien.ne, si bien que certain.e.s en arrivent à en faire l’éloge (Loraux). En questionnant cette forme de réécriture, on pourra analyser les dialogues de la littérature ou des arts visuels avec l’histoire, pour se demander notamment comment ils écrivent l’histoire, quelle histoire ils écrivent, et dans quel rapport aux travaux plus spécifiques, scientifiques, des historien.ne.s (Jablonka). L’institution de l’histoire comme discipline a en effet eu pour grand rival l’essor simultané du roman, qui s’est imposé comme un outil essentiel pour décrire les transformations rapides de la société (comment ne pas penser ici à la Comédie humaine de Balzac, grande fresque de la société en train de se constituer). Elle a coïncidé également avec la naissance de la photographie, dont François Brunet a démontré qu’elle constituait une véritable histoire, mais aussi une contre-histoire. Sans céder à la théorie du reflet, on peut considérer que la littérature et les arts visuels, bien qu’ils ne constituent peut-être pas des sources historiques à strictement parler, peuvent être appréhendés comme une ressource précieuse pour l’histoire.

L’anachronisme permet d’interroger les notions de fiction et de réalité historique, en explorant les richesses de leurs croisements : la manière dont Patrick Boucheron explore la « concordance des temps » et la narration historique est à ce titre exemplaire. On s’intéressera, dans cette perspective, au potentiel créatif de l’anachronisme (Lowenthal) à travers les appropriations du passé dans les arts visuels et la littérature. Il s’agira, comme le suggère Pierre Bayard, de s’affranchir d’une conception linéaire de l’histoire, pour envisager la coexistence – discordante ou au contraire symphonique – de temporalités multiples dans une même œuvre (Didi-Huberman, Karlhom et Moxey).

Qu’il soit intentionnel ou bien inconscient, fruit d’une manipulation pensée ou d’un aveuglement ignoré, l’anachronisme est avant tout une vision du monde, au présent comme au passé, qu’il convient d’examiner comme telle. On s’attachera à examiner les enjeux politiques de l’anachronisme. L’anachronisme est souvent un passé qui parle au présent : on peut penser, par exemple, au Philippe Le Bel des Rois maudits de Maurice Druon, peint sous les traits du Général de Gaulle. Mais il peut en même temps être lu comme une résistance, comme la persistance d’un temps qui refuse de « passer », et qui nous façonne autant que nous le refaçonnons. En instrumentalisant le fait historique, l'anachronisme peut tenter de contribuer à la construction historique ou vouloir asseoir un discours dominant. Les romans de Zola en offrent un exemple frappant. Tout en étant parmi les premiers à accueillir le monde moderne dans son œuvre, le romancier fait entrer les questions nouvelles dans des problématiques datées : les personnages ont les sentiments d’individus vivant les débuts de la Troisième République, mais se meuvent devant un fond théâtral du Second Empire. Lorsque, par ses anachronismes, Zola pose comme question cruciale du moment le choix entre République et Empire, il contribue, en reflétant l’effort des dirigeants républicains, à canaliser les forces sociales dans cette voie politique, à créer un public qui raisonne ainsi. Cette approche, qui à la parution des romans de Zola avait fait polémique, a fini par s’imposer, au point qu’un lectorat plus éloigné dans le temps peut croire que la problématique exposée par Zola était celle du moment. Plus qu’une simple ressource historique, ses romans ont en réalité participé à écrire l'histoire.

L’anachronisme peut, inversement, se jouer de la censure, et permettre l’émergence d’analogies révélatrices et d’une critique « en creux », dont le sens se développe justement dans l’écart entre la vérité historique et ses réinventions. Ainsi, sous l'Empire allemand, l'auteur dramatique Gerhart Hauptmann et l'artiste Käthe Kollwitz transposent l'agitation sociale contemporaine, présente à l'esprit de tous, dans la révolte des tisserands des années 1840. Le théâtre et le cinéma jouent souvent ainsi des effets d’anachronisme dans la mise en scène. Le film Transit de l'Allemand Christian Petzold (2018) reste absolument fidèle, dans son récit, à l'histoire, aux personnages, aux dialogues même du roman d'Anna Seghers (1944), mais les transpose radicalement dans le cadre, le mode de vie, la situation actuels. Comme dans le roman, l'action se déroule à Marseille, les policiers sont français, les réfugiés allemands, l'envahisseur qui menace également allemand. L'action ne se déroule pourtant pas en 1940, mais aujourd'hui. Par ce décalage, et sans qu'il y soit fait la moindre allusion, le sujet se déplace vers la situation des migrants qui tentent aujourd'hui de traverser la Méditerranée. L'intérêt du film est alors autant dans la réception que dans la production, tant l'objectif du metteur en scène est ouvertement de faire réfléchir les spectateur.trices. L’actualité de cet exemple pose aussi la question de sa pertinence future : si les circonstances viennent à changer, le film ne serait absolument plus compris de la même manière. Paradoxalement, l’anachronisme est à la fois à contretemps et fondamentalement de son temps (Agamben).

Convaincues que le thème de l’anachronisme peut, par sa nature même, ouvrir à des débats fructueux au-delà des frontières disciplinaires, nous espérons que cet appel suscitera l’intérêt de nos collègues dans des champs de recherche variés. Nous invitons les chercheur.se.s, quelles que soient leur discipline et leur aire géographique ou période de spécialité à soumettre leur proposition (une page maximum) avant le 15 octobre 2019 à Anne Deffarges et Hélène Valance :

anne.deffarges@univ-fcomte.fr

helene.valance@univ-fcomte.fr

*

Bibliographie indicative

Anachronies et Anachronismes. Atelier de théorie littéraire de Fabula.

Giorgio Agamben, Qu’est-ce que le contemporain ? Paris : Rivages, 2008.

Pierre Bayard, Le Plagiat par anticipation. Paris : Editions de Minuit, 2009.

Patrick Boucheron et Vincent Casanova, « L’histoire pour espacer le temps. Entretien avec Patrick Boucheron », Écrire l'histoire 11 (2013), 75-86.

Patrick Boucheron, Léonard et Machiavel. Paris : Verdier, 2008.

François Brunet, La Photographie histoire et contre-histoire. Paris, PUF, 2017.

Georges Didi-Huberman, Devant le temps. Histoire de l'art et anachronisme des images. Paris : Editions de Minuit, 2000.

Ivan Jablonka, L'Histoire est une littérature contemporaine. Manifeste pour les sciences sociales. Paris : Seuil, 2014.

Dan Karlhom et Keith Moxey (dir.), Time in the History of Art Temporality, Chronology and Anachrony. Londres: Routledge, 2018.

Kremer, Nathalie, Diderot devant Kandinsky. Pour une lecture anachronique de la critique d'art, Guern : Passage d'encre(s), coll. Traces, 2013.

Nicole Loraux, « Éloge de l'anachronisme en histoire », Le Genre humain 27 (1993), p. 23-39; repris dans Les Voies traversières de Nicole Loraux. Une helléniste à la croisée des sciences sociales, 2005, p. 127-139

David Lowenthal The Past Is a Foreign Country. Cambridge : Cambridge University Press, 2015.

Jacques Rancière, « Le concept d'anachronisme et la vérité de l'historien », L'Inactuel 6, (1996), p.53-68.

*

Pour télécharger l'appel en français: https://www.academia.edu/39772503/Appel_%C3%A0_communications_colloque_…

To download the call for papers in English: https://www.academia.edu/39755856/Call_for_papers_Anachronisms_symposiu…

Appel à communications : Fortes de corps, d’âme et d’esprit : récits de vie et construction de modèles féminins du XIVe au XVIIIe siècle
14 August 2019 - 11:52pm

Mont-saint-Aignan (4-5 juin 2020), avant le 31 octobre 2019

Colloque international organisé par l’Université de Rouen-Normandie et le CÉRÉdI avec le soutien du LISAA de l’Université Paris-Est Marne-la-Vallée et de l’I-SITE FUTURE

Du jeudi 4 juin au vendredi 5 juin 2020 Campus Mont-Saint-Aignan Maison de l’Université Salles des conférences

Comité d’organisation Ariane Ferry, Stéphane Pouyaud, Sandra Provini, Caroline Trotot

Comité scientifique du projet « La force des femmes » Éric Avocat (Université d’Osaka, Japon), Anna Bellavitis (Université de Rouen-Normandie), Anne Debrosse (SIEFAR), Diane Desrosiers (Université McGill, Canada), Myriam Dufour-Maître (Université de Rouen-Normandie), Marie Franco (Université de la Sorbonne Nouvelle), Véronique Gély (Université de la Sorbonne), Nathalie Grande (Université de Nantes, SIEFAR), Claudine Poulouin (Université de Rouen-Normandie), Jean-Marie Roulin (Université Jean Monnet, Saint-Étienne).

Comité scientifique du colloque Jean-Christophe Abramovici (Sorbonne Université), Jean-Claude Arnould (Université de Rouen-Normandie), Cynthia J. Brown (University of California), Jeanne Chiron (Université de Rouen-Normandie), Michèle Clément (Université Lumière Lyon 2), Isabelle Garnier (Université Jean Moulin – Lyon 3), Claire Lechevalier (Université de Caen-Normandie), Véronique Léonard-Roques (Université de Bretagne Occidentale), Catriona Seth (Université d’Oxford – Université de Lorraine), Clothilde Thouret (Université de Lorraine), Éliane Viennot (Université Jean Monnet – IUF).

Appel à communication Ce colloque, programmé pour juin 2020 par l’Université de Rouen-Normandie et le CÉRÉdI, avec le soutien du LISAA de l’Université Paris Est Marne-la-Vallée, ouvrira le deuxième volet d’un projet intitulé La Force des femmes, hier et aujourd’hui, qui est piloté par le CÉRÉdI et marrainé par la SIEFAR (Société Internationale pour l’Étude des Femmes de l’Ancien Régime). Ce projet consiste en une enquête collective sur les représentations littéraires, théâtrales et cinématographiques de la force féminine – envisagée à travers ses actualisations violentes et inquiétantes (le meurtre, le combat, la torture, l’action terroriste, etc.) et ses actualisations admirables (le courage, la résistance, la ténacité) – et les présupposés idéologiques qui les ont accompagnées à travers les siècles. Le texte cadre du projet est consultable ici. Deux colloques ont déjà eu lieu, ainsi qu’une série de journées d’étude, et bientôt un colloque, dans le cycle « Reines en scènes ».

Les deux premiers colloques, Figures et personnages de criminelles, des histoires tragiques au roman policier (2017) et Le spectacle du crime féminin sur la scène et dans le cinéma européens (2018), ont exploré la face sombre de la force féminine et ses représentations contrastées dans les genres narratifs et sur la scène (théâtre, opéra) et à l’écran. La violence et la criminalité des femmes, tout en étant généralement condamnées, voire rapportées à une forme de monstruosité, peuvent dans certaines représentations être montrées sous l’angle de la réparation d’un tort ou d’une injustice subis ou sous l’angle d’une émancipation par rapport à un cadre contraignant. Quant aux travaux portant sur la criminalisation des femmes, ils ont fait apparaître à quel point les écarts par rapport aux attentes sociales et sexuelles entrent dans la condamnation de celles qui ne se soumettent pas aux assignations de genre et se montrent rebelles à l’ordre patriarcal, leur force, leur volonté d’affirmer un libre choix se retournant contre elles et les poussant parfois sur la voie du crime.

***

Nous entrons désormais dans la deuxième phase du projet, qui se concentrera sur les aspects positifs de la force féminine – force du corps, mais aussi force d’âme et d’esprit – et donnera lieu à deux colloques, Fortes de corps, d’âme et d’esprit : récits de vie et construction de modèles féminins du XIVe au XVIIIe siècle (2020) et Figures de femmes fortes (XIXe–XXIe siècles) : nouvelles représentations du courage féminin, nouveaux enjeux (littérature, théâtre, cinéma, documentaire) (2021).

L’enquête, circonscrite aux domaines français et britannique, portera d’abord sur la fin du Moyen Âge et la première modernité, durant laquelle la force peine à trouver sa place parmi les qualités reconnues aux femmes. Cette vertu – qui dans la pensée chrétienne fait partie des quatre vertus cardinales reprises à la typologie platonicienne – est considérée comme l’apanage du masculin : en grec, la vertu d’ἀνδρεία, dont la racine est ἀνήρ, « l’homme fort, dans la force de l’âge », est la vertu virile par excellence, étrangère aux femmes, faibles et passives par nature selon la tradition aristotélicienne relayée par la pensée chrétienne médiévale. L’expression « femme forte », à la fin du Moyen Âge, apparaîtrait presque comme un oxymore.

Pourtant, les textes philogynes composés dans le cadre de la « querelle des femmes[1] » font l’éloge de certains personnages féminins pour leur énergie et leur puissance, y compris l’exercice physique de la force[2], autant d’aspects généralement associés à un usage « viril » de cette vertu. Celle-ci fait aussi l’objet d’un traité de théologie, Le Livre de la femme forte, en 1501 : son auteur, François Le Roy, présente Marie, victorieuse sur « l’ennemy d’enfer », comme modèle de « femme forte » avant de définir la force féminine comme chasteté, c’est-à-dire capacité de résister à la tentation du péché. Outre la force du corps et la force d’âme, celle de l’entendement féminin se trouve aussi mise en avant à la fin du Moyen Âge, par exemple par Christine de Pizan dans la Cité des Dames, comme à la Renaissance par Anne de France dans ses Enseignements (1503-1505), Antoine Dufour dans Les Vies des femmes célèbres (1504) et Symphorien Champier dans La Nef des dames vertueuses (1503) ou encore par Marguerite de Navarre et Marie de Gournay[3].

Durant cette période, la force peut-elle donc entrer dans une liste de vertus féminines au même titre que la prudence ou la chasteté et, si oui, dans quelles acceptions du terme ? Apparaît-elle comme une qualité physique ou/et une vertu morale, une capacité de résistance à l’adversité ou/et une puissance d’action autonome ? Quelles sont les conditions de possibilité de l’exercice de la force féminine : les femmes fortes sont-elles des exceptions à une nature féminine définie par la faiblesse, voire des femmes « dénaturées » ? ou bien la faiblesse physique et intellectuelle des femmes n’est-elle qu’une construction socio-historique et un résultat de leur éducation[4] ? C’est la thèse de Christine de Pizan, selon laquelle si “coustume estoit de mettre les petites filles a l’escole et que suivamment on les feist apprendre les sciences, comme on fait aux filz, qu’elles apprendroient aussi parfaictement et entendroient les soubtilletéz de tous les ars et sciences, comme ilz font”[5].

Autre problème : celui de la visibilité de ces femmes fortes et de leur inscription dans la mémoire collective, conditions nécessaires à la production de modèles féminins positifs. Au début du XIXe siècle, Gabrielle de Plancy publie deux almanachs (1820 et 1823) avec l’objectif de réparer l’injustice faite à la mémoire des femmes de talent : “On a publié les Vies des saints, les Éphémérides des Braves, l’Annuaire des grands hommes… ; on n’a rien fait de semblable pour les dames. C’est ce vide que je cherche à remplir. J’ai voulu présenter aux Françaises une femme célèbre par jour, comme un encouragement ou comme un modèle. […]. Les personnes qui voudront bien parcourir ce livre, verront qu’il y a plus de femmes célèbres qu’on ne pense, et qu’elles se sont distinguées dans toutes les carrières […]”[6].

Pourtant les siècles que nous nous proposons de considérer (XIVe-XVIIIe) ont œuvré à faire entrer des femmes fortes et vertueuses « dans l’histoire », à les proposer comme exemples et modèles, comme ils ont créé des personnages féminins fictionnels « forts » en phase avec l’imaginaire collectif et/ou le renouvelant. Comment ce travail de mémoire et de modélisation s’est-il fait et qui l’a entrepris ? Dans quel cadre idéologique ? Comment ont été articulés vies réelles, mythes héroïques et vies fictionnelles ?

Pour répondre à ces questions, on se propose de parcourir une « galerie de femmes fortes[7] » de la première modernité – gouvernantes et religieuses, guerrières[8] et martyres, femmes savantes[9], travailleuses des villes[10] et des campagnes – en s’intéressant tout à la fois à la vie des femmes historiques – transmises notamment par les Mémoires, biographies, dictionnaires et autres Vies – et aux modèles construits par les textes fictionnels et non fictionnels[11].

Le corpus que nous proposons d’explorer dans ce premier colloque inclura à la fois les genres narratifs (roman, épopée, mais aussi Mémoires et récits de vie) et argumentatifs (éloges collectifs[12], traités polémiques, dictionnaires historiques) composés en France et en Grande-Bretagne durant la période où la querelle des femmes bat son plein, du XIVe siècle au XVIIIe siècle[13], un second colloque portant sur les XIXe-XXIe siècles. Si des études monographiques, consacrées à une femme ou un personnage féminin, pourront être reçues par le comité scientifique, on privilégiera des communications associant fiction et non-fiction et l’on cherchera particulièrement à articuler les parcours des femmes réelles avec les constructions idéologiques qui leur sont contemporaines, dans un double mouvement : les textes théoriques et catalogues de femmes illustres proposent des modèles de comportement qui orientent le comportement féminin tandis que les vies de femmes réelles leur fournissent de nouveaux exemples, voire de nouveaux modèles.

Plusieurs axes pourront être abordés à travers les communications proposées :

Typologies et constructions idéologiques

Les acceptions et les usages du mot « force » dans les textes polémiques de la Querelle des femmes, les dictionnaires historiques et les catalogues de femmes illustres. Comment la force des femmes est-elle définie ? quelles figures – mythiques, bibliques, historiques – l’illustrent-elles ? On prêtera une attention particulière à la définition de la force féminine dans les traités d’éducation des filles et aux figures exemplaires proposées. La rhétorique de l’éloge des femmes fortes : identification de topoï spécifiques ? points communs et différences par rapport à l’éloge des hommes ? (exemple du traitement des Neuf Preuses par Sébastien Mamerot, de celui des Dames illustres par Brantôme, en regard de leurs homologues masculins, etc.).

Mises en récit

Les vies de femmes fortes, du personnage historique à la figure exemplaire. On pense notamment au traitement de l’histoire de Jeanne d’Arc, mais aussi aux Vies de saintes, aux biographies spirituelles, au Recueil des Dames de Brantôme, etc. Les « récits de formation » et la place accordée à l’éducation de femmes dans les textes, qu’ils soient fictionnels ou non (accès aux livres et aux savoirs, formation à l’écriture, entraînement physique…). La représentation/(re)construction de soi par des femmes de pouvoir (Mémoires, etc.).

Représentations fictionnelles et non fictionnelles

Les figures de femmes fortes offertes par les textes non fictionnels et les échos qu’elles trouvent dans le roman ou l’épopée : comment ces deux genres se nourrissent-ils mutuellement ? Les figures de femmes fortes propres à un écrivain particulier et leur articulation avec les constructions idéologiques et débats de son époque.

Voix de femmes et auctorialité

Quelles voix féminines s’imposent dans le champ intellectuel ? quels espaces d’expression s’ouvrent-elles dans le champ social (création des premiers salons, lieux d’impression, bibliothèques, etc.) ? Des communications pourront porter sur des autrices, des femmes de savoir et des philosophes françaises et britanniques, comme Christine de Pizan, Marguerite de Navarre, les Dames des Roches, Georgette de Montenay, Marie de Gournay, Madame de La Fayette, Mary Wollstonecraft, Jane Barker, Eliza Haywood, Helen Maria Williams, Charlotte Lennox, Olympe de Gouges, jusqu’à Madame de Staël, et sur leur contribution à la mise en œuvre et à la définition de la force des femmes.

Culture matérielle et matrimoine

Que reste-t-il des actions transformantes des femmes au-delà des récits de vie considérés ? On s’interrogera notamment sur les traces matérielles qui en subsistent et la connaissance que nous en avons aujourd’hui, point de départ de nouveaux récits (quel est l’état de l’inventaire des fonds d’archive et de bibliothèques ? quelle est la visibilité du matrimoine des villes en France et en Grande-Bretagne [14]?).

Envoi des propositions de communication Les titres et propositions de communication (autour de 2000 signes), accompagnées d’une courte biobibliographie (situation institutionnelle, laboratoire, champs de recherche et principales publications), devront être envoyées avant le 31 octobre 2019 aux quatre organisatrices du colloque :

Ariane Ferry : ariane.ferry@univ-rouen.fr

Stéphane Pouyaud : s.pouyaud@gmail.com

Sandra Provini : sandra.provini@univ-rouen.fr

Caroline Trotot : caroline.trotot@u-pem.fr

[1] Voir les ouvrages Revisiter la « Querelle des femmes » : discours sur l’égalité-inégalité des sexes, Saint-Étienne, Publications de l’Université de Saint-Étienne, 4 vol., 2012-2015. Pour une bibliographie complémentaire sur la Querelle des femmes, nous renvoyons au site de la SIEFAR : http://siefar.org/revisiter-la-querelle-des-femmes/

[2]On pense par exemple au Traictié des Neuf Preuesde Sébastien Mamerot (c. 1461-1472), qui a fait l’objet d’une édition critique récente par Anne Salamon (Genève, Droz, 2016).

[3]Voir Renée-Claude Breitenstein : « Le savoir comme « vertu » : la redéfinition des valeurs dans les éloges collectifs de femmes, du xveau xviesiècle », Revisiter la « querelle des femmes ». Discours sur l’égalité/inégalité des sexes, de 1400 à 1600, A. Dubois-Nayt, N. Dufournaud et A. Pauper (dir.), Saint-Étienne, Publications de l’Université de Saint-Étienne, 2013, p. 155-167 ; Gisèle Mathieu-Castellani, La quenouille et la lyre, Paris, Librairie José Corti, 1998.

[4]Voir notamment l’ouvrage de Linda Timmermans sur L’Accès des femmes à la culture (1598-1715), Paris, Classiques Garnier, 2007.

[5]Christine de Pizan, La città delle dame, trad. Patrizia Caraffi, éd. Earl Jeffrey Richards, Milan, Luni, 1998, p. 150-152.

[6]Cité dans Isabelle Ernot, « L’histoire des femmes et ses premières historiennes (xixe-début xxesiècle) », Revue d’Histoire des Sciences Humaines, 2007/1 (n° 16), p. 165-194. DOI : 10.3917/rhsh.016.0165. URL : https://www.cairn.info/revue-histoire-des-sciences-humaines-2007-1-page…

[7]Pour reprendre le titre de l’ouvrage bien connu de Pierre Le Moyne, La Gallerie des femmes fortes(Paris, 1647).

[8]Sur les guerrières, nous renvoyons au récent colloque « Femmes de guerre » organisé par la SIEFAR en partenariat avec le Centre de Recherche des Écoles de Saint-Cyr Coëtquidan (CREC) les 29-30 mars 2019.

[9]Sur les femmes de savoir, nous renvoyons en particulier au programme de recherche « Visibilité et invisibilité des savoirs des femmes » (voir le Carnet d’hypothèses : Carnet).

[10]Quelques exemples de travaux sur le travail des femmes sous l’Ancien Régime :Christine Dousset, « Commerce et travail des femmes à l’époque moderne en France », Les Cahiers de Framespa [En ligne], 2 | 2006, mis en ligne le 01 octobre 2006. URL : http://journals.openedition.org/framespa/57 ; Roméo Arbour, Les femmes et les métiers du livre en France, de 1600 à 1650, Chicago-Paris, Garamond Press et Didier Erudition, 1997 ; Madeleine Ferrieres, Genevière Dermenjian, Jacques Guilhaumou, Martine Lapied (dir.), Femmes entre ombre et lumière : recherches sur la visibilité sociale, XVIe XXe siècle, Aix, Publisud, 2000 ; Cynthia Truant, « La maîtrise d’une identité ? Corporations féminines à Paris aux XVIIeet XVIIIesiècles », Clio. Histoire‚ femmes et sociétés [En ligne], 3 | 1996, mis en ligne le 01 janvier 2005. URL : http://journals.openedition.org/clio/462 ; Nicole Dufournaud et Bernard Michon, « Les femmes et le commerce maritime à Nantes (1660-1740) : un rôle largement méconnu », Clio. Histoire‚ femmes et sociétés [En ligne], 23 | 2006, mis en ligne le 01 juin 2008. URL : http://journals.openedition.org/clio/1926.

[11]La question des modalités de qualification de l’héroïsme féminin et de la représentation des héroïnes féminines dans le champ non fictionnel a été envisagée récemment dans un colloque organisé en janvier 2016 à l’Université de Strasbourg, « Héroïsme féminin, héroïnes et femmes illustres : une représentation sans fiction (xvie-xviie siècles) ».

[12]Sur ce genre, voir le dossier préparé par Renée-Claude Breitenstein, « Publics et publications dans les éloges collectifs de femmes à la fin du Moyen Âge et sous l’Ancien Régime », Études françaises, vol. 47, n° 3, 2011.

[13]Voir par exemple l’article de Joan Kelly, « Early feminist theory and the “Querelle des Femmes”, 1400-1789 », Signs, n° 8-1, 1982. Une périodisation plus large, courant jusqu’au début du xxe siècle, pourrait être adoptée comme l’a montré Eliane Viennot qui situe la Querelle des femmes entre la fin du xiiie siècle et le début du xxe siècle (http://www.elianeviennot.fr/Articles/Viennot-Querelle1-intro.pdf).

[14]Le projet « Cité des dames » de l’Université Paris Est Marne la Vallée (2019-2022) cherche en particulier comment rendre visibles aujourd’hui les traces de l’action des femmes inventrices et créatrices en valorisant le matrimoine de nos villes pour faire revivre les cités des dames.

Conferences & Colloquia

CfP / Appel à communications - Society for Early Modern French Studies
Calls for Papers/Contributions
14 January 2023 - 11:20am

The Society for Early Modern French Studies will hold its annual conference at Trinity College, University of Oxford, 11-13 September 2023.  The theme is ‘Word and World’. Papers are invited on any aspect of this theme, including but not restricted to: translation; dictionaries; Relations; language and colonization; language and gender; neologisms; philologies old and new; terminology of the period or our appraisals of it; keywords; new words, new worlds; writing and orality; jargon.

.

We are delighted and honoured to announce that our keynote speaker will be Dr John Gallagher (University of Leeds). 

We shall offer, as usual, postgraduate facilitation bursaries from the Amy Wygant Fund. Details of this scheme will be sent separately.

Proposals for papers (250-300 words) should be sent by 31 March 2023 to the Secretary, Professor John O’Brien (john.o’brien@durham.ac.uk). Please note that only current subscribing members of the Society may present a paper at the conference.

Speakers are requested to provide translations from languages other than English or French.

 

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Le colloque annuel de la Société d’étude de la première modernité française (SEMFS) se tiendra du 11 au 13 septembre 2023 à l’université d’Oxford, Trinity College. Thème retenu : « Mot en monde », conçu sous toutes ses formes, par exemple : la traduction ; les dictionnaires ; les Relations ; le langage et la colonisation ; le langage et gender ; les neologisms ; les philologies, anciennes et Nouvelles ; la terminologie de la première modernité ou les évaluations que nous en faisons ; les mots clés ; nouveaux mots, nouveaux mondes ; l’écriture et l’oralité ; le jargon

Nous avons le plaisir et le privilège de vous annoncer que notre invité d’honneur sera le prof. John Gallagher (Université de Leeds).

Nous proposerons aux doctorant.e.s, selon notre habitude, des bourses de facilitation provenant du fonds Amy Wygant. Ce programme fera l’objet d’une communication ultérieure de notre part.

Veuillez adresser, avant le 31 mars 2023, une proposition de communication (250-300 mots) au secrétaire de la Société, le prof. John O’Brien (john.o’brien@durham.ac.uk).  Nous vous rappelons que seuls les sociétaires à jour de leur cotisation auront le droit d’intervenir lors du colloque.

Les intervenants sont priés de fournir une traduction de toute langue autre que l’anglais ou le français.

Calls for Papers/Contributions
Le Spectaculaire et la Contemplation
Calls for Papers/Contributions
27 September 2022 - 4:03am

Le Spectaculaire et la Contemplation
Regard, parole et silence au 17e siècle

Colloque international
organisé par l’Université de Saskatchewan, l’Université Sorbonne-nouvelle
et le CIR 17 (Centre International de Rencontres sur le 17e siècle)
18-20 mai 2023
Saskatoon, SK, Canada


Le 17e siècle français est à la fois un temps d’affirmation de l’institution monarchique soucieuse de manifester au monde sa puissance et un âge profondément marqué par le sentiment religieux et l’exigence d’intériorité qui lui est associée.
Simultanément siècle de l’éclat et du silence, des fêtes de Versailles et de la solitude de Port-Royal, du faste des pièces à machine et de l’austérité de la Trappe, il fait du spectaculaire et de la contemplation une tension rectrice de la vie politique, sociale, esthétique et éthique.

Ce colloque se propose d’explorer les modalités et les enjeux de cette polarité entre espace public et privé par une approche pluridisciplinaire.
Parmi les thèmes possibles et susceptibles d’être mis en tension, on peut citer (liste non limitative) : 

Gloire et grandeur, pompe et vanité du pouvoir : enjeux politiques et mise à contribution des arts visuels (carrousel, feu d’artifice, spectacle de cour, entrée royale, architecture monumentale, achevée ou inachevée – aqueduc de Maintenon…)

Secret et dissimulation : coulisses du politique et face cachée du pouvoir

Rhétorique et grand style, pratiques oratoires et artistiques : art du portrait, musique de cour, peinture historique,…)

Atticisme, laconisme et sublime du silence

Sobriété du théâtre régulier (tragédie et grande comédie) vs théâtre de l’émerveillement (pièce à machines, comédie-ballet, tragédie en musique, opéra…)

Ombre de la gloire et silence imposé : les exclu(e)s de la scène du monde

Solitude, retraite du monde et méditation dans la vie religieuse, dans la littérature, les correspondances et les arts ¬ —France et Nouvelle-France

Les propositions sont à envoyer pour le 1er novembre 2022, à l’adresse suivante : 
stella.spriet@usask.ca

Le colloque se déroulera en mode hybride (en présentiel à l’Université de Saskatchewan à Saskatoon, et en distanciel via Zoom).

Comité d’organisation : 
Stella Spriet, University of Saskatchewan & Gilles Declercq, Université Sorbonne Nouvelle

Comité scientifique : 
Céline Candiard, Université Lumière-Lyon 2
Nathalie Freidel, Wilfrid Laurier University
Jean de Guardia, Université Sorbonne Nouvelle
Sara Harvey, University of Victoria
Jean Leclerc, Western University
Marcella Leopizzi, Università del Salento
Claudine Nedelec, Université d’Artois
Buford Norman, University of South Carolina
Pierre Ronzeaud, Université Aix-Marseille
Marine Roussillon, Université d’Artois

Calls for Papers/Contributions
Le Spectaculaire et la Contemplation. Regard, parole et silence au 17e siècle (pour le 1er nov. 2022)
Calls for Papers/Contributions
26 September 2022 - 4:05am

Le Spectaculaire et la Contemplation
Regard, parole et silence au 17e siècle

Colloque international

organisé par l’Université de Saskatchewan, l’Université Sorbonne-nouvelle et le CIR 17 (Centre International de Rencontres sur le 17e siècle)
18-20 mai 2023
Saskatoon, SK, Canada

Le 17e siècle français est à la fois un temps d’affirmation de l’institution monarchique soucieuse de manifester au monde sa puissance et un âge profondément marqué par le sentiment religieux et l’exigence d’intériorité qui lui est associée.

Simultanément siècle de l’éclat et du silence, des fêtes de Versailles et de la solitude de Port-Royal, du faste des pièces à machine et de l’austérité de la Trappe, il fait du spectaculaire et de la contemplation une tension rectrice de la vie politique, sociale, esthétique et éthique.

Ce colloque se propose d’explorer les modalités et les enjeux de cette polarité entre espace public et privé par une approche pluridisciplinaire.

Parmi les thèmes possibles et susceptibles d’être mis en tension, on peut citer (liste non limitative) :

Gloire et grandeur, pompe et vanité du pouvoir : enjeux politiques et mise à contribution des arts visuels (carrousel, feu d’artifice, spectacle de cour, entrée royale, architecture monumentale, achevée ou inachevée – aqueduc de Maintenon…)

Secret et dissimulation : coulisses du politique et face cachée du pouvoir

Rhétorique et grand style, pratiques oratoires et artistiques : art du portrait, musique de cour, peinture historique,…)

Atticisme, laconisme et sublime du silence

Sobriété du théâtre régulier (tragédie et grande comédie) vs théâtre de l’émerveillement (pièce à machines, comédie-ballet, tragédie en musique, opéra…)

Ombre de la gloire et silence imposé : les exclu(e)s de la scène du monde

Solitude, retraite du monde et méditation dans la vie religieuse, dans la littérature, les correspondances et les arts ­ —France et Nouvelle-France

Les propositions sont à envoyer pour le 1er novembre 2022, à l’adresse suivante :

stella.spriet@usask.ca

Le colloque se déroulera en mode hybride (en présentiel à l’Université de Saskatchewan à Saskatoon, et en distanciel via Zoom).

Comité d’organisation :
Stella Spriet, University of Saskatchewan & Gilles Declercq, Université Sorbonne Nouvelle

Comité scientifique :
Céline Candiard, Université Lumière-Lyon 2
Nathalie Freidel, Wilfrid Laurier University
Jean de Guardia, Université Sorbonne Nouvelle
Sara Harvey, University of Victoria
Jean Leclerc, Western University
Marcella Leopizzi, Università del Salento
Claudine Nedelec, Université d’Artois
Buford Norman, University of South Carolina
Pierre Ronzeaud, Université Aix-Marseille
Marine Roussillon, Université d’Artois

 

Calls for Papers/Contributions
Le vermillon de la vertu — Usages et valeurs de la honte à l'époque moderne (XVI-XVIIIe siècles) - J. Le Floc'h et L. Sancho
Calls for Papers/Contributions
6 September 2022 - 5:32am

11 mars 2023 — Maison de la Recherche, Sorbonne  Université,
Paris — Egalement en visioconférence. 

 

Dans son enquête intitulée Sainte Vergogne (2020), l’historien des émotions Damien Boquet a montré qu’au Moyen Âge, en contexte chrétien, la honte pouvait faire l’objet d’une glorification paradoxale. Qu’en est-il à l’époque moderne, où non seulement le discours religieux, mais également le discours médical, philosophique ou encore juridique s’emparent des affects ? La honte est-elle une émotion morale d’après les textes des XVIe- XVIIIe siècles ? Dans quels contextes est-elle préconisée ? Dans quelle mesure les auteurs et autrices de l’Ancien Régime se montrent-ils sensibles aux contradictions qui pèsent sur cet affect ? Cette journée d’étude se propose de contribuer à l’histoire des émotions en examinant les représentations de la honte à l’époque moderne (XVIe-XVIIIe siècles). Plus précisément, il s’agira, à l’appui de discours variés tels que les traités savants, les mémoires, la littérature épistolaire ou la littérature fictionnelle, de mettre en évidence les circonstances dans lesquelles elle peut être identifiée, et de questionner sa valeur morale.

***

À l’époque moderne, la honte est une passion mixte, dont la classification n’est pas fixée par la scolastique. Le plus souvent apparentée à la peur dont elle serait une espèce, elle est parfois décrite comme une « affection mêlée de courroux et de crainte » (Paré, Introduction de la chirurgie, 1575) ou comme une « douleur et une confusion » (Coëffeteau, Tableau des passions humaines, 1620). Mais aussi pénible et affligeante que soit l’expérience individuelle de la honte pour celui ou celle qui s’y trouve confronté, elle demeure l’objet d’un discours laudatif dans les traités savants médiévaux et modernes. Si l’on en croit même un sceptique comme La Mothe Le Vayer, il semblerait presque que cet affect ait
« toujours été pris en bonne part » (La Morale du prince, 1651). Les théologiens, mais aussi les moralistes, les médecins, les philosophes ou encore les pédagogues de l’époque moderne se plaisent à souligner les grâces de cette passion. De même que le discours religieux loue l’action de la « honte salutaire » (Catéchisme du Concile de Trente, 1566) qui éloignerait de la pente du péché, le discours civil semble soutenir que cette passion concourrait à faire observer les lois. Concurrente de la vergogne et de la pudeur, la crainte du déshonneur est parfois décrite comme un premier sentiment du bien et du mal et semble s’inscrire dans une histoire qui est aussi celle de la conscience.

Convaincus du pouvoir de cet affect, auteurs et autrices ne vont-ils pas parfois jusqu’à recommander à leurs destinataires d’en faire usage intentionnellement ? Dans les régimes de santé, les médecins préconisent par exemple d’utiliser la honte comme un remède pour guérir les impudents de leur manque de modération dans les plaisirs de la chair, qu’ils soient gourmandise, paresse ou volupté (Patin, Traité de la conservation de santé, 1632). Pour corriger les enfants indociles, parents et précepteurs sont quant à eux incités à leur infliger quelque « petite honnête honte » (Héroard, De l’institution du prince, 1609) plutôt que de recourir aux châtiments corporels. La honte n’est-elle pas, selon Rousseau, un frein protecteur grâce auquel Émile n’est pas entièrement livré à lui-même et à ses désirs (De l’éducation, 1762) ? Enfin, certains auteurs ne relèvent-ils pas que les femmes, à l’instar des enfants, seraient « sans doute plus susceptibles de cette passion que les hommes » (Chalesme, L’homme de qualité, 1671) ?   Envisager la honte à travers le prisme du genre pourrait d’ailleurs se révéler une
 
démarche fructueuse, tant cette perspective semble occuper une place de choix dans les différents discours de la modernité. Un roman comme Manon Lescaut de l’abbé Prévost (1731) pourrait constituer à ce titre un terrain d’investigation intéressant en se fondant sur une comparaison entre les manifestations et représentations de la honte s’appliquant au chevalier des Grieux et celles qui se rapportent à Manon.

Ainsi le « vermillon de la vertu » apparaît-il également comme son aiguillon (La Mothe Le Vayer, ibid.). Certes la honte est parfois blâmée dans ces discours savants. Mais de telles mises en garde visent- elles alors à dénoncer la souffrance qu’elle représente ? N’ont-elles pas plutôt pour objet de prévenir ses mauvais usages qui pourraient mettre en  échec sa fonction  d’édification ? Mal conduite, la honte menacerait de porter sur des objets inappropriés, au point de rendre « honteux de bien faire » (Descartes, Les Passions de l’âme, 1649). Excessive, elle éloignerait de la vertu plutôt que d’y conduire.

Cependant, il convient de mettre cette interprétation morale du discours savant sur la honte à l’épreuve de la lecture attentive des textes dans toute leur diversité générique. Car la honte est tout d’abord fréquemment associée à des situations qui échappent à la responsabilité des individus et dans lesquelles la vertu demeure impuissante. Il suffit de songer, entre autres exemples, à la honte portant sur la laideur, sur les infirmités ou encore sur le statut social. Comme l’ont montré les travaux de Claudine Sagaert sur l’Histoire de la laideur féminine (2015), la honte semble bel et bien être l’affect qui vient sanctionner tout écart vis-à-vis des normes corporelles, en particulier celles qui concernent le corps des femmes. Plus encore, l’expérience de la honte est parfois vécue non par le coupable, mais par la victime, notamment dans le cas des violences sexuelles. C’est ce qui conduit un moraliste tel que René Bary à observer que cet affect peut être produit par les vices et fautes d’autrui (La Morale, 1663), et un tel exemple constitue une objection sérieuse à l'interprétation de la honte comme une vertu morale. Constate-t-on également dans les œuvres littéraires que la honte est identifiée comme une modalité affective dominante des expériences d’agression ? Les nouvelles mettant en scène des tentatives de viol dans L’Heptaméron de Marguerite de Navarre (1559) pourraient par exemple constituer un champ d’enquête possible.

De surcroît, au-delà de ces usages de la honte, ce sont peut-être surtout ses emplois immoraux qui retiennent l’attention, puisqu’ils sont sans doute les témoins les plus patents de l’instrumentalisation dont cette émotion peut faire l’objet. À cet égard, on peut songer aux romans libertins, tels que les Liaisons dangereuses (Laclos, 1782) ou encore La Nouvelle Justine ou les Malheurs de la vertu, suivie de l'histoire de Juliette, sa sœur (Sade, 1799), dans lequel les valeurs, dont la honte, sont particulièrement dévoyées.

Enfin, certaines mentions de la honte paraissent vidées de leur dimension morale, non pour verser dans un amoralisme ou même un immoralisme, mais plutôt pour répondre à des usages rhétoriques variés. La mise en scène hyperbolique de la contrition peut par exemple s’inscrire dans un discours galant, comme lorsque des personnages de Madeleine de Scudéry se disent « honteux » de ne pas avoir pu rendre leurs hommages à la dame qu’ils courtisent. Sous la plume de la marquise de Sévigné, la honte peut encore participer d’un art consommé de l’ironie au service de la flatterie, notamment lorsque l’épistolière confesse à ses interlocuteurs sa honte d’être trop aimée d’eux et de ne pas mériter leurs égards. Plus largement, ce sont donc les usages littéraires, rhétoriques et stylistiques de la honte
 
qui se trouvent mis en jeu. Dans le cadre de cette journée d’étude, la réflexion sur les usages et les valeurs de la honte sous l’Ancien Régime nous conduira ainsi à porter une attention particulière aux circonstances dans lesquelles la honte est identifiée dans les textes (quels objets, situations, personnages sont concernés ?), mais aussi à questionner les modalités de l’écriture et de mise en récit de l’expérience honteuse.

***


Cette journée d’étude aura lieu le 11 mars 2023 à la Maison de la Recherche de Sorbonne Université (Paris) et en format hybride afin de favoriser les échanges internationaux.
Les actes sont destinés à être publiés.
Les propositions de contribution, de 500 mots maximum, sont à envoyer à Justine Le Floc’h (justine.lefloch[at]gmail.com) et à Lisa Sancho (lisa.sancho[at]orange.fr)  avant le 15 novembre 2022.

***

Indications bibliographiques

Boquet Damien, Sainte Vergogne. Les privilèges de la honte dans l’hagiographie féminine au XIIIe siècle, Paris, Classiques Garnier, 2020.

Brancher Dominique, Équivoques de la pudeur : fabrique d’une passion à la Renaissance, Genève, Droz, 2015.

Deonna Julien, Raffaele Rodogno et Fabrice Teroni, In Defense of Shame. The Faces of an Emotion, Oxford ; New York, Oxford University Press, 2011.

Elias Norbert, La Civilisation des mœurs, traduit par Pierre Kamnitzer, Paris, Pocket, 2002 [1939, trad. fr. 1973].

Flannery Mary C., Practising shame: Female honour in later medieval England, Manchester University Press, 2020.

Martin Jean-Pierre, La Honte. Réflexions sur la littérature, Paris, Gallimard, 2017 [1re éd. Le Livre des hontes, Paris, Éditions du Seuil, 2006].

Perfetti Lisa R., The Representation of Women’s Emotions in Medieval and Early Modern Culture, Gainesville, University Press of Florida, 2005.

Sagaert Claudine, Histoire de la laideur féminine, Paris, Éditions Imago, 2015.
 

Calls for Papers/Contributions
Global Climates in the Early Modern World  (MLA)
Calls for Papers/Contributions
21 March 2022 - 11:32am

Weather, geology, atmosphere, meteorology. The relations of climate to natural environments, corporeality, race, affect, or forms of cultural expression. Roundtable format. 250-word abstracts to Jeffrey Peters (jnp@uky.edu) by 30 March 2022.

Calls for Papers/Contributions

Grants

Prix XVIIe siècle : appel à candidatures (ouvrages parus en 2022)
18 January 2023 - 4:43am

Prix XVIIe siècle

Appel à candidatures pour les ouvrages parus en 2022

Depuis 1984, la Société d’Etude du XVIIe siècle décerne, chaque année, un Prix XVIIe siècle assorti d’une somme de 2000 euros. Ayant pour but d’encourager la diffusion d’un savoir rigoureux auprès du plus large public, ce Prix récompense, sans exclusive de discipline, un ouvrage traitant du XVIIe siècle, paru l’année précédente.

Les auteurs dont l'ouvrage est paru durant l'année 2022 sont invités à candidater en adressant leur livre en double exemplaire avant le 31 mars 2023, au Président de la Société d'Etude du XVIIe siècle, à l'adresse suivante :

M. Jean-Robert Armogathe
Cassiciacum
28 rue du Filoir
45 130 Meung-sur-Loire

Les ouvrages ne seront pas retournés.

---

Lauréats précédents :

2020 – Valérie Carpenter-Vanhaverbeke et Alexandre Maral, Antoine Coysevox. Le sculpteur du Grand siècle, Paris, Arthena, 2020.

2019 – Yann Rodier, Les raisons de la haine. Histoire d’une passion dans la France du premier XVIIe siècle (1610-1659),  Ceyzérieu, Champ Vallon, 2019.

2018 - Catherine Secrétan et Willem  Frijhoff (dir.), Dictionnaire des Pays Bas au Siècle d’Or, Paris, CNRS Editions, 2018.

2017 - François Friche, Entre Terre et Ciel. Romans comiques et mystère de l’Incarnation (1620-1660), Paris, Hermann,  2017.

2016    – Ariane James-Sarazin, Hyacinthe Rigaud. Le catalogue raisonné, Dijon, Editions Faton, 2016.

2015 (deux lauréats)  – Aude Volpilhac, « Le secret de bien lire ». Lecture et herméneutique de soi en France au XVIIe siècle, Paris, Honoré Champion, 2015

– Yannick Nexon, Le chancelier Séguier (1588-1672), ministre, dévot et mécène au Grand Siècle, Paris, Champ Vallon, 2015.

2014     – Nathalie Lecomte, Entre cours et jardins d’illusions. Le ballet en Europe (1515-1715), Paris, Centre National de la Danse, 2014.

2013     – Sophie Vergnes, Les Frondeuses : une révolte au féminin (1643-1661), Seyssel, Champ Vallon, 2013.

2012     – Isabelle Landy, Entre Philologie et linguistique : approches de la langue classique, Paris, Garnier, 2012.

2011     – Bartholomé Benassar, Vélasquez, Paris, De Fallois, 2011.

Margarita M. Hanson Fund - subvention d'aide à la publication en musicologie - 1er novembre
14 September 2022 - 8:24am

Margarita M. Hanson Fund - subvention d'aide à la publication

La Société française de musicologie a reçu en 2021 un important legs de la musicologue britannique Margarita M. Hanson (Cuba 1919 – Paris 2020) pour subventionner « des livres, dans n’importe quelle langue, sur la musique française antérieure à 1750, ou sur la culture musicale française antérieure à 1750, ou la publication d’une importante édition de répertoires français antérieurs à 1750 ».

Pour plus de détails à propos de cette aide à la publication dont la date limite est le 1er novembre 2022, veuillez cliquer ici.

Société d'Etude du XVIIe siècle - Aide à l'édition
23 May 2022 - 4:52am

La Société d’étude du XVIIe siècle propose chaque année une aide à l’édition.

Celle-ci concerne des ouvrages de toute discipline, en langue française, portant sur la période 1580-1720.

Trois ouvrages, dont au moins une thèse, peuvent être subventionnés chaque année. Une préférence sera accordée aux ouvrages signés par un seul auteur.

Le montant maximum de l’aide accordée est de deux mille euros par titre.

Les modalités de soumission du dossier sont disponibles sur le site de la Société d’étude du XVIIe siècle.

Délai de candidature : 30 juin 2022.

Les prix du CIREM 16-18
17 February 2022 - 5:42pm

Le CIREM 16-18 lance son concours 2022 pour des prix visant à soutenir les jeunes chercheur(e)s du regroupement: Le Prix pour le meilleur article (1500$), le Prix XVI-XVIII (1 250$), et la Bourse Hermès d'aide à la diffusion (750$).  Les critères d'éligibilité et les conditions des concours sont définis dans la section "Prix du CIREM 16-18". Date limite : 1e avril 2022.

Plus d'informations ici.

Prix XVIIe siècle : appel à candidatures (ouvrages parus en 2021)
17 January 2022 - 6:20am

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Prix XVIIe siècle

Appel à candidatures pour les ouvrages parus en 2021

Depuis 1984, la Société d’Etude du XVIIe siècle décerne, chaque année, un Prix XVIIe siècle assorti d’une somme de 2000 euros. Ayant pour but d’encourager la diffusion d’un savoir rigoureux auprès du plus large public, ce Prix récompense, sans exclusive de discipline, un ouvrage traitant du XVIIe siècle, paru l’année précédente.

Les auteurs dont l'ouvrage est paru durant l'année 2021 sont invités à candidater en adressant leur livre en double exemplaire avant le 31 mars 2022, au Président de la Société d'Etude du XVIIe siècle, à l'adresse suivante :

M. Jean-Robert Armogathe
Cassiciacum
28 rue du Filoir
45 130 Meung-sur-Loire

Les ouvrages ne seront pas retournés.

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Lauréats précédents :

2020 – Valérie Carpenter-Vanhaverbeke et Alexandre Maral, Antoine Coysevox. Le sculpteur du Grand siècle, Paris, Arthena, 2020.

2019 – Yann Rodier, Les raisons de la haine. Histoire d’une passion dans la France du premier XVIIe siècle (1610-1659),  Ceyzérieu, Champ Vallon, 2019.

2018 - Catherine Secrétan et Willem  Frijhoff (dir.), Dictionnaire des Pays Bas au Siècle d’Or, Paris, CNRS Editions, 2018.

2017 - François Friche, Entre Terre et Ciel. Romans comiques et mystère de l’Incarnation (1620-1660), Paris, Hermann,  2017.

2016    – Ariane James-Sarazin, Hyacinthe Rigaud. Le catalogue raisonné, Dijon, Editions Faton, 2016.

2015 (deux lauréats)  – Aude Volpilhac, « Le secret de bien lire ». Lecture et herméneutique de soi en France au XVIIe siècle, Paris, Honoré Champion, 2015

– Yannick Nexon, Le chancelier Séguier (1588-1672), ministre, dévot et mécène au Grand Siècle, Paris, Champ Vallon, 2015.

2014     – Nathalie Lecomte, Entre cours et jardins d’illusions. Le ballet en Europe (1515-1715), Paris, Centre National de la Danse, 2014.

2013     – Sophie Vergnes, Les Frondeuses : une révolte au féminin (1643-1661), Seyssel, Champ Vallon, 2013.

2012     – Isabelle Landy, Entre Philologie et linguistique : approches de la langue classique, Paris, Garnier, 2012.

2011     – Bartholomé Benassar, Vélasquez, Paris, De Fallois, 2011.

Jobs

30 November 2022 - 1:35pm

Location: Boone, NC
Tenure Status: Tenure Track
Provide Rank: Assistant Professor
Position Number: 044761
Department: Languages, Literatures & Cultures - 250250

Posting Date: 11/16/2022
Closing Date: 12/16/2022
Open Until Filled: No
Evaluation of Applications Begins: 12/16/2022
Proposed Date of Hire: 08/21/2023

Suggested Salary Range: Salary is competitive and commensurate with qualifications and experience.

Minimum Qualifications: Terminal degree French and Francophone Studies or related discipline, Native/near-native fluency in French and English, Evidence of an active record in research, scholarly or creative activities in Francophone Studies, Evidence of willingness to teach all levels French language, literature, and culture, Evidence of excellence in teaching, Commitment to service

Areas of Interest (No Minimum Level Required)

Commitment to mentoring and advising

Commitment to support graduate program and/or honors program in French

Willingness to work on student recruitment and retention

Willingness to develop courses in Francophone Studies

License/Certification Required: N/A


Special Instructions to Applicants

For a complete application, please apply and submit all below-required documents electronically through Appalachian State University's job board:

Cover letter

Curriculum vitae

Statement of teaching philosophy 

Diversity statement, describing plans to promote diversity issues and inclusive excellence in teaching, service, and/or outreach 

Teaching Evaluations/Peer Reviews

Research Sample 

Names and full contact information for three professional references

Unofficial undergraduate and graduate-level transcripts

Background Check Statement

Any offer of employment to a successful candidate will be conditioned upon the University's receipt of a satisfactory criminal background report.

Eligibility for Employment

Proper documentation of identity and eligibility for employment will be required before the hiring process can be completed.

Search Chair Name
Dr. Beverly Moser

Search Chair Email
moserba@appstate.edu

Quick Link
https://appstate.peopleadmin.com/postings/37174

Posting Number
FA00289P

 

Please note this position is based on enrollment and subject to available funding.

Individuals with disabilities may request accommodations in the application process by contacting Maranda Maxey, ADA/504 Coordinator, at 828-262-3056 or maxeymr@appstate.edu.

Essential Duties and Responsibilities

Teach undergraduate language and literature courses at all levels as needed

Teach regular undergraduate and graduate courses in Francophone literature and culture

Maintain an active research agenda

Provide department and university serviceType of Position: Full Time Position

Appointment Type: 1.0

Number Of Months Per Year: 9

Physical Demands of Position

Typical demands of classroom and educational environments.
 


The Department of Languages, Literatures, and Cultures is home to a diverse faculty. The department offers a variety of courses in language, culture, literature, and linguistics; these courses support General Education as well as the department's programs, which include Bachelor's degrees in East Asian Languages and Cultures, French and Francophone Studies, German, Spanish and Hispanic Studies, and initial licensure programs for K-12 French and Spanish teachers. The department also offers minors in Arabic, Chinese, French, German, Japanese, Russian, Spanish, and TESL/Applied Linguistics, two years of instruction in Latin and Portuguese, and graduate programs in French and Spanish K-12 and College Teaching.

The department collaborates with the Honors College, the International Business program, the Reich College of Education, and the interdisciplinary Global Studies program within the College of Arts and Sciences. The department also works closely with Appalachian's Office of International Education and Development, offering short-term faculty-led programs abroad and a large number of semester- and year-long exchange programs.We at Appalachian State University are committed to diversity, equity, and inclusive excellence both locally and globally.

We understand that the successful implementation of diversity, equity, and inclusive excellence is the responsibility of the entire university community, including alumni and official university governing bodies. A diverse campus community supports an influx of broad and distinct ideas that increase learning opportunities and strengthen the impact of our community as we work collectively to achieve a just experience for all.

We actively encourage, support, and promote a global mindset and an equitable environment where all will know that they belong and are safe to express their culture, identity, values, ideas, opinions, and creativity. We are committed to creating a culture of equity opportunity for all, one that has an expectation of fairness, justice, and equity-minded practice at all levels of the university community.

Appalachian State University is an Affirmative Action/Equal Opportunity Employer. The University does not discriminate in access to its educational programs and activities, or with respect to hiring or the terms and conditions of employment, on the basis of race, color, national origin, religion, sex, gender identity and expression, political affiliation, age, disability, veteran status, genetic information or sexual orientation.

Important Contacts:

Director of Human Resources/EEO Officer
Office of Human Resources
330 University Hall Dr.
Boone, NC 28608
(828) 262-3187

Office of Title IX Compliance
123 I.G. Greer Hall
Boone, NC 28608
(828) 262-2144

ADA/504 Coordinator & Office of Disability Resources Director
Office of Disability Resources
224 Joyce Lawrence Lane/Suite 112 Anne Belk Hall
Boone, NC 28608
(828) 262-3056

19 October 2022 - 4:00pm

The University of Cambridge invites applications for the Drapers Professorship of French (closing date 14 November 2022). This post will fall vacant on 30 September 2023 upon the retirement of Professor Michael Moriarty FBA, the current occupant. The Drapers Chair is one of the flagship established chairs of the university’s School of Arts and Humanities and one of the pre-eminent chairs in French in the UK. The Faculty of Modern and Medieval Languages and Linguistics seeks a world-class academic with t​he ability to engage in ground-breaking research and to inspire the next generation of students and colleagues.
 
https://www.timeshighereducation.com/unijobs/listing/311225/drapers-professorship-of-french-/

14 October 2022 - 2:41pm

The Department of Global Languages and Cultures at Rollins College, a private liberal arts college in central Florida, invites applications for a tenure-track position to teach French courses at all levels and other topic courses, beginning Fall 2023. The position is open to a generalist, preferably those with knowledge of transatlantic studies and/or Francophone African studies.

The position also involves a significant educational leadership role that includes, among other things, academic planning, curriculum and program development, and innovation. Other responsibilities may include: student advising, recruitment and placement, course coordination, and service on administrative committees.

The successful candidate will have a strong commitment to teaching and curriculum development, and show promise of pedagogical innovation and educational leadership. They will be expected to participate in departmental events and initiatives, to maintain an excellent record of teaching and service. The successful candidate must also be able to contribute to a diverse and inclusive learning and working environment at Rollins College. We view differences (e.g., nationality, race, gender, age, sexual orientation, socioeconomic class, physical ability, perspectives) as rich opportunities for understanding, learning, and growth.

The successful candidate should:

Ph.D degree in French, Applied linguistics, Linguistics, Second Language acquisition, at the time of the appointment.

Commitment to undergraduate teaching excellence and to our liberal arts mission.

Native or near-native fluency in French and English.

Demonstrated commitment to teaching excellence in the liberal arts.

Ability to contribute to, help foster, and sustain a diverse and inclusive. learning and working environment at Rollins.

The teaching load is 3/3.

Founded in 1885, Rollins is Florida's oldest recognized college. Rollins is an independent, comprehensive, residential liberal arts college. The campus, noted for its lakefront beauty and for its unique location, is set in the residential community of Winter Park, just 15 minutes from one of the nation's most dynamic urban centers, Orlando. For the last 10 years, U.S. News & World Report ranked Rollins No. 1 or No. 2 among southern regional universities. Rollins is one of only 36 Ashoka U Changemaker Campuses in the world. For additional information, please visit the College website at www.rollins.edu.

Minimum Qualifications and Education:

Ph.D degree in French, Applied linguistics, Linguistics, Second Language acquisition, at the time of the appointment.

Commitment to undergraduate teaching excellence and to our liberal arts mission.

Native or near-native fluency in French and English.

Demonstrated commitment to teaching excellence in the liberal arts.

Ability to contribute to, help foster, and sustain a diverse and inclusive. learning and working environment at Rollins.

Instructions to Applicants:

Interested applicants must apply online via the College's employment website and upload the following materials as follows:

Letter of Application

Curriculum Vitae

Teaching Statement

Provide three reference names and email addresses on application

**Preference will be given to candidates who apply by November 21st, 2022. Position is open until filled.**

Inquiries can be directed to:
Sana Alaya Seghair
French Coordinator, Global Languages and Cultures Department
sseghair@rollins.edu

To apply, visit https://jobs.rollins.edu/en-us/job/493378/assistant-professor-frenchjeid-5d2ca73eaceeb54a93f87004 6b0674ce

14 October 2022 - 2:38pm

The Department of Modern and Classical Languages at Western Washington University is inviting applications for a tenure-track position at the rank of Assistant Professor beginning September 2023. We seek a generalist in French with a specialization in pre-19th century French literature to teach a broad spectrum of French language and content courses in the undergraduate curriculum.

Responsibilities include: Standard quarter-system teaching assignment (2-2-2); exemplary teaching; active program of scholarly activity; service to the French section and to the Department through a range of activities. The successful candidate will be expected to fulfill teaching and mentoring responsibilities in ways that provide equitable and inclusive learning environments for all students. 

Required Qualifications:

PhD at time of application or ABD at time of application with a specialization in French literature in any period from the Middle Ages up to and including the 18th century. If ABD, all degree requirements must be completed by June 15, 2024.

Ability to teach French language at all levels of the curriculum (including grammar and composition) as well as content courses in literature and culture

Native or near-native French and English proficiency

Demonstrated excellence in teaching

Demonstrated commitment to excellence in scholarship and a dynamic research agenda

Ability to work effectively with diverse students and colleagues, including a demonstrated ability and commitment to cultivate learning environments that are equitable and inclusive of students with diverse social identities and backgrounds

Application Instructions: Application materials must be submitted via WWU’s electronic application system (PageUp) at https://hr.wwu.edu/careers-faculty. Candidates must upload (1) a letter of application that describes their teaching philosophy and research plans and that addresses the required qualifications; (2) a curriculum vitae; (3) graduate school transcripts; (4) a sampling of teaching evaluations; and (5) a separate statement that addresses the ability to work effectively with diverse students and colleagues, and a commitment to fulfill teaching and mentoring responsibilities in ways that provide equitable and inclusive learning environments for all students (max. length one page). As part of the online application process, candidates will be asked to provide contact information for three references. Three recommendation letters are required, and these will be automatically requested, upon submission of the application, from the references provided.

Closing Date Notes: Position closes on November 1; applications must be received by this date. Screening interviews are anticipated to take place via Zoom in early December. Finalist interviews are anticipated to be conducted in January 2023.

Western Washington University (WWU) is an equal opportunity and affirmative action employer committed to assembling a diverse, broadly trained faculty and staff. Women, minorities, people with disabilities and veterans are strongly encouraged to apply.

14 October 2022 - 2:34pm

Job Number: 519118

Position: Assistant Professor of French & Francophone Studies

Effective Date: August 17, 2023 (Fall Semester)

Salary Range: Commensurate with qualifications and experience

Application Deadline: Review of applications to begin November 1, 2022. Position opened until filled (or recruitment canceled).                                     

College of Liberal Arts

Department of Romance, German, Russian Languages and Literatures

Required Qualifications:       

Ph.D. in French and Francophone Studies, with specialization in any area of Medieval, Renaissance, 17th and/or 18th century French Studies. Degree at time of application or official notification of completion of the doctoral degree by August 1, 2023.

Ability to teach at undergraduate and graduate levels in French

Demonstrated potential or evidence of effective teaching at the college level

Demonstrated potential or evidence of successful research and publication

Commitment to and/or expertise in educating an ethnically, culturally, academically, and economically diverse student population through inclusive teaching practices

Demonstrated commitment to working successfully with a diverse student population          

Preferred Qualifications:                  

Evidence of academic training in one or more of the following specializations: transnational studies; intersectional approaches to race, gender and/or ethnicity; ecocriticism and environmental studies; literature and politics; material culture; cultural studies, migration studies; performance studies; Atlantic studies; digital humanities; or other cognate fields.

Evidence of ability to effectively teach one or more current University course offerings in French language, literature and culture at the undergraduate level (e.g., survey courses, GE courses) and graduate seminars in research methods, on a century, author or theme

Evidence of ability to develop new and creative course offerings in French and Francophone Studies that engage issues of diversity

Commitment to student recruitment and program development

Evidence of support for and/or experience related to the University’s strong commitment to the academic success of its diverse student body

Evidence of ability to engage in research leading to conference participation and peer-reviewed publication

Evidence of interest in or experience with department, college, university, or community service

We invite applications from candidates whose teaching finds dynamic ways of translating these fields of study to undergraduate students. The successful candidate will be able to teach classes at all levels in French. We seek flexible teacher-scholars willing to work across disciplines, innovate and update curricula in collaboration with faculty from other language areas in the department. The ideal candidate will mentor students and build our program through outreach and excellence in teaching. Our search prioritizes applicants who will contribute to a climate that values diversity in all its forms.

Duties:                                    

Teach and develop courses in French and Francophone Studies at the undergraduate and graduate levels. [Mode of instruction may include in-person, hybrid, online, and/or any combination thereof].

Advise and mentor students, including the supervision of Master’s students taking comprehensive exams

Engage in research leading to conference participation and peer-reviewed publications

Participate in faculty governance

Participate in service to the department, college, university, and community

CSULB seeks to recruit faculty who enthusiastically support the University’s strong commitment to the academic success of all of our students, including students of color, students with disabilities, students who are first generation to college, veterans, students with diverse socio-economic backgrounds, and students of diverse sexual orientations and gender expressions. CSULB seeks to recruit and retain a diverse workforce as a reflection of our commitment to serve the People of California, to maintain the excellence of the University, and to offer our students a rich variety of expertise, perspectives, and ways of knowing and learning.

Information on excellent benefits package available to CSULB faculty is located here: https://www2.calstate.edu/csu-system/careers/benefits/Documents/employee-benefits-summary.pdf

How to Apply - Required Documentation:                          

An Equity and Diversity Statement about your teaching or other experiences, successes, and challenges in working with a diverse student population (maximum two pages, single-spaced). For further information and guidelines, please visit: http://www.csulb.edu/EquityDiversityStatement

Letter of application addressing the required and preferred qualifications

CV

Three references (to be contacted for confidential letters of recommendation finalist stage)

Writing sample related to the candidate’s area of research (in French or English)

Evidence of effective teaching, if applicable (i.e. student evaluations)

Finalists should be prepared to submit an official transcript (e-transcript preferred, if available)

How to Apply: Click Apply Now icon to complete the CSULB online application

Members News Briefs

Visiting Fellowship at Warburg Institute for Céline Bohnert
5 June 2020 - 11:12am

Nous sommes heureux de partager avec les collègues la nouvelle de la nomination de Céline Bohnert comme Visiting Fellow au Warburg Institute (School of Advanced Studies, University of London) de janvier 2020 à janvier 2022 pour son projet d'édition numérique des Mythologiae Libri decem de Natale Conti hébergé sur la plate-forme EMAN : http://eman-archives.org/Mythologia/

Félicitations à Céline !

triste nouvelle : décès de Jacques Le Brun
21 April 2020 - 11:12am

Nous avons la tristesse d'annoncer le décès de Jacques Le Brun le 6 avril 2020 à Paris, emporté par le COVID-19.

Grand spécialiste de littérature spirituelle de la première modernité, Le Brun fut directeur d'études honoraire à l’École pratique des hautes études dans la section des sciences religieuses, et membre de de l’École de psychanalyse Sigmund Freud.

Son œuvre a porté sur la littérature spirituelle du XVIIe siècle (Bossuet, Fénelon, Mme Guyon, Angelus Silesius) et les objets qu’elle donne à penser (le pur amour, la déchéance volontaire, le dévouement, le rien).

 

Katherine Dauge-Roth's book, Signing the Body
13 January 2020 - 5:56pm

Please join me in congratulating Katherine Dauge-Roth, whose book

Signing the Body: Marks on Skin in Early Modern France 

has just been published with Routledge. Félicitations !

Please find further details on the press website, especially if you would considering placing an order for your libraries. The description for the book is copied below:

The first major scholarly investigation into the rich history of the marked body in the early modern period, this interdisciplinary study examines multiple forms, uses, and meanings of corporeal inscription and impression in France and the French Atlantic from the late sixteenth through early eighteenth centuries. Placing into dialogue a broad range of textual and visual sources drawn from areas as diverse as demonology, jurisprudence, mysticism, medicine, pilgrimage, commerce, travel, and colonial conquest that have formerly been examined largely in isolation, Katherine Dauge-Roth demonstrates that emerging theories and practices of signing the body must be understood in relationship to each other and to the development of other material marking practices that rose to prominence in the early modern period. While each chapter brings to light the particular histories and meanings of a distinct set of cutaneous marks—devil’s marks on witches, demon’s marks upon the possessed, devotional wounds, Amerindian and Holy Land pilgrim tattoos, and criminal brands—each also reveals connections between these various types of stigmata, links that were obvious to the early modern thinkers who theorized and deployed them. Moreover, the five chapters bring to the fore ways in which corporeal marking of all kinds interacted dynamically with practices of writing on, imprinting, and engraving paper, parchment, fabric, and metal that flourished in the period, together signaling important changes taking place in early modern society. Examining the marked body as a material object rife with varied meanings and uses, Signing the Body: Marks on Skin in Early Modern France shows how the skin itself became the register of the profound cultural and social transformations that characterized this era.

Roland Racevskis named Associate Dean
8 December 2019 - 11:35am

Please join me in congratulating our colleague Roland Racevskis, who has just been named Associate Dean for the Arts and Humanities at The University of Iowa College of Arts and Sciences. Féliciations ! 

"Professor of French and Italian Roland Racevskis has been appointed as Associate Dean for the Arts and Humanities. Racevskis joined the UI faculty in 1998, and has served as chair of the Department of French and Italian; chair of the Department of German; and associate director of the Division of World Languages, Literatures, and Cultures."

https://clas.uiowa.edu/news/racevskis-sanders-tomova-appointed-associat…

Bernard Bourque (parution d'un nouveau livre)
27 October 2019 - 12:54pm

Félicitations à Bernard Bourque pour la parution de son livre

Jean Chapelain et la querelle de La Pucelle.

Veuillez trouver ci-dessous un précis et les détails bibliographiques :

---

Bernard J. Bourque 

Jean Chapelain et la querelle de La Pucelle

Textes choisis et édités par Bernard J. Bourque

Biblio 17, Vol. 220 2019, 296 Seiten €[D] 68,00 ISBN 978-3-8233-8370-3 eISBN 978-3-8233-9370-2

Ce travail est la première édition critique de l’ensemble des écrits principaux qui constituent ce que nous appelons « la querelle de La Pucelle ». La valeur historique de ces textes est incontestable. Le libelle de François Payot de Lignières et celui d’Hyppolite-Jules Pilet de la Mesnardière contre le poème épique – tant attendu - de Chapelain soulignèrent l’écart entre le battage orchestré avant la publication de La Pucelle et la véritable valeur de l’œuvre. Ces écrits n’ont jamais été republiés depuis leur première parution, jusqu’à maintenant. Cela est également vrai pour la réponse de Jean de Montigny au libelle de Lignières. Les seuls exemplaires connus de la réponse de Chapelain au sieur du Rivage (La Mesnardière) et de la Lettre de M Cha- pelain à M. de La Mesnardière n’existent que sous forme de manuscrits conservés à la Bibliothèque nationale de France. Ces documents n’ont jamais été intégralement publiés jusqu’à présent. Les extraits des Satires de Nicolas Boileau-Despréaux, que nous présentons dans notre volume, sont tirés des éditions originales. La parodie Chapelain décoiffé d’Antoine Furetière est tirée des Œuvres de Nicolas Boileau-Des- préaux (1729), éditées par Bernard Picart. Notre livre a pour but de rendre ces écrits plus facilement accessibles a n que tous les lecteurs, qu’ils soient amateurs ou spécialistes de la littérature française, puissent juger de leur valeur historique et littéraire. L’édition comporte une introduction et plus de mille notes. 

New Publications

Écrire pour elles. Dramaturges et spectatrices en Europe (dir. Véronique Lochert, Florence d'Artois, Patrizia De Capitani, Lise Michel, Clotilde Thouret)
New Publications
18 January 2023 - 12:25pm

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Écrire pour elles. Dramaturges et spectatrices en Europe

sous la direction de Véronique Lochert, Florence d'Artois, Patrizia De Capitani, Lise Michel, Clotilde Thouret

Le n°42 de la revue Études Épistémè propose un dossier multilingue accessible en ligne : https://journals.openedition.org/episteme/15230

Présentation

Ce numéro propose d’interroger le rôle joué par les femmes, en tant que lectrices et surtout spectatrices du théâtre, dans le développement de la production dramatique européenne du début du XVIe siècle au début du XVIIIe siècle. Le théâtre de la première modernité fait en effet une place importante à l’amour, crée des personnages féminins actifs, explore les rapports entre les sexes et ses auteurs revendiquent de plus en plus le plaisir comme finalité du théâtre et le public comme juge de leurs pièces. L’analyse de sources multiples et la prise en compte de pratiques et de situations variées permettent de confronter les pratiques réelles de spectatrices, mais aussi de mécènes et d’actrices, aux représentations plus ou moins fantasmées du public féminin et de son influence qui se construisent dans les textes. S’il demeure difficile de cerner l’influence de la réception féminine sur l’écriture dramatique, l’enquête montre l’importance des contextes économiques, politiques et culturels dans lesquels le théâtre se développe, met en valeur la participation de nombreuses femmes – autrices, actrices professionnelles ou occasionnelles, mécènes et commanditaires – à l’activité théâtrale et souligne la liberté de la fiction dramatique par rapport aux normes et aux contraintes sociales pesant en particulier sur les femmes.

Sommaire

Véronique Lochert, « Introduction : “Le théâtre est l’art de contenter la dame”, ou ce que la réception des femmes fait au théâtre »

L’expérience des spectatrices

Marzia Pieri, « Le signore della festa a veglia e a corte »

Jean-François Lattarico, « Un Livre du Courtisan au féminin : notes sur la Ginipedia de Vincenzo Nolfi, dramaturge vénitien »

Sylvaine Guyot, « La Palatine, une spectatrice paradigmatique ? De l’intérêt du théâtre : usages, goûts, expérience »

Jean Marsden, « Commanding Eyes: Female Spectators and the Restoration Theatrical Repertoire »

« Pour les dames » : quelles adresses ?

Nina Hugot, « “Si fault-il pourtant clorre le bec”. Les adresses aux spectatrices chez Théodore de Bèze (Abraham sacrifiant) et Louis des Masures (Tragédies saintes) »

Flavie Kerautret, « “Ce discours n’est pas pour votre regard, mes Dames”. Les adresses au féminin dans les prologues de Bruscambille »

Coline Piot, « Les dramaturges voilent-t-ils “pour elles” ? Les enjeux pragmatiques du comique grivois dans les comédies »

Rebecca Yearling, « Experimental plays, conventional endings: Gender normativity and the female spectator of Shirley’s The Doubtful Heir »

Genre et genres

Sandra Clerc, « Une scène pour tous les genres : le théâtre de Luigi Groto »

Françoise Decroisette, « Une tragédie “au féminin” est-elle possible ? La réponse de Valeria Miani Negri dans Celinda (1611) »

Marcella Trambaioli, « Algunas calas en la comedia de ambientación urbana de Lope de Vega y su relación con el noble público femenino »

Line Cottegnies, « La pastorale dramatique est-elle un genre “féminin” en Angleterre au XVIIe siècle ? Le cas de The Shepherds’ Paradise (1633) de Walter Montagu »

Claude Bourqui, « Corneille, 1663 : une Sophonisbe “pour les dames” »

Regards, affects, échanges

Christine Sukic, «  “Take Here This Prospective”: Specular Reflections of the Female Spectators in Samuel Daniel’s Vision of the Twelve Goddesses (1604) »

Cécile Berger, « La comédienne dell’arte et son public au XVIIe siècle : un modèle dramaturgique et sa réception »

Milagros Torres, « El clamor de la cazuela: connivencia y creación lopesca »

Marie-Françoise Piéjus, « La ville, la salle, la scène : les Siennoises et le théâtre »

Yan Brailowsky, « “Fright the ladies out of their wits”: Gendered passion and the English stage »

New Publications
Nicole Jacques-Lefèvre, Démonologie littéraire et autres sorcelleries. Rationalité et imagination (1436-1862)
New Publications
1 October 2022 - 12:40am

Nicole Jacques-Lefèvre, Démonologie littéraire et autres sorcelleries. Rationalité et imagination (1436-1862), Paris, Hermann, 2022.

Du Formicarius de Nider à La Sorcière de Michelet, des textes écrits par des juristes, philosophes, théologiens ou médecins élaborent, en relation avec les savoirs et croyances de leur époque, la définition et la représentation de la sorcellerie démoniaque. Cette figure évolue entre la fin du XVe et le XVIIe siècle, se précise tandis que se développe la répression, et participe aux débats idéologiques, à la mise en place des différents systèmes de pouvoirs, politiques, juridiques ou scientifiques. Elle reste pour les Lumières et le Romantisme un domaine d’interrogation, trouve un relai chez les aliénistes de l’école de Charcot, et continue à jouer un rôle dans notre imaginaire. De ces textes émergent la figure singulière et mythique de la sorcière, et celle d’un complot destiné à assurer le triomphe du pouvoir diabolique sur le monde. S’y développent aussi des figures multiples, fantasmagoriques – sabbats, loups-garous, feux nocturnes, etc. –, toute une dramaturgie qui pourra inspirer les metteurs en scène du théâtre ou de l’opéra. Cette étude tente d’en cerner les différentes modalités d’écriture, dans une approche qui prend en compte la pluralité de ses composantes, sans masquer les interrogations auxquelles ces textes donnent lieu.

EAN : 9791037019653
464 pages
Prix : 42 EUR

Disponible en librairie et sur le site de l'éditeur.

 

New Publications
Carlo Ginzburg, Néanmoins. Machiavel, Pascal (trad. M. Rueff)
New Publications
1 October 2022 - 12:37am

Carlo Ginzburg, Néanmoins. Machiavel, Pascal (trad. M. Rueff), Lagrasse, Verdier, 2022.

Le poids d’un mot, étudié, soupesé, traqué comme une source, en dit plus sur le destin de la politique moderne que bien des généralités censées se dégager des évolutions.

Ainsi l’historien Carlo Ginzburg aborde-t-il ici la modernité politique – le découplage supposé du politique et du théologique –, en lisant de façon rapprochée, en philologue, Machiavel et Pascal.

L’ouvrage nous livre une série d’éclairages nouveaux sur une manière de penser la règle et l’exception, à l’épreuve des faits.

Au moment où sont développées des histoires mondiales, des histoires  décentrées, qui nous permettent de penser le monde globalisé, Ginzburg insiste sur l’attention nécessaire et féconde qu’il convient d’accorder aux  singularités, à travers l’examen précis des cas et l’étude philologique des textes.

À l’heure où l’on déplore que les intellectuels n’orientent plus la vie politique (en supposant confusément qu’ils le firent par le passé), à l’heure où semble s’imposer une vision « machiavélienne » selon laquelle les plus forts dictent le  droit au nom d’un réalisme implacable, la leçon de Carlo Ginzburg est précieuse.

Penser, ce n’est pas reformuler les réponses de l’opinion, c’est changer de questionnement.

EAN : 9782378560799
288 pages
Prix : 22 EUR

Disponible en librairie et sur le site de l'éditeur.

New Publications
M. Martin, G. Weiss, Le Roi-Soleil à la mer
New Publications
1 October 2022 - 12:34am

M. Martin, G. Weiss, Le Roi-Soleil à la mer. Art maritime et galériens dans la France de Louis XIV, Aubervilliers, éditions EHESS, 2022.

Ce livre inédit en français, richement illustré, le premier consacré à l’art maritime et à l’esclavage des galères dans la France du début de l’époque moderne, montre comment les propagandistes royaux ont utilisé les images et le travail des musulmans réduits en esclavage pour glorifier Louis XIV.

L’art maritime méditerranéen et le travail forcé dont il dépendait étaient au cœur de la politique et de la propagande du roi de France Louis XIV, qui régna de 1643 jusqu’à sa mort en 1715. Pourtant, la plupart des études sur l’art français de cette période se concentrent sur Paris et Versailles, négligeant la présence ou la représentation des galériens sur les côtes du royaume.

Grâce à une abondante sélection d’images surprenantes, dont beaucoup n’ont jamais été publiées, Le Roi-Soleil à la mer met l’accent sur le rôle des esclaves turcs – des rameurs capturés ou achetés en terre d’islam – dans la construction et la décoration des navires et autres objets d’art qui circulaient sur terre et sur mer pour glorifier la Couronne.

Ainsi, en examinant un large éventail de productions artistiques – dessins de navires, sculptures d’artillerie, médailles, peintures et gravures –, Meredith Martin et Gillian Weiss nous invitent à reconsidérer l’image dominante de l’art et du pouvoir dans la France du début des Temps modernes.

EAN : 9782713229503
406 page
Prix : 30€

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M. Craciunescu, L'inverti, l'hérétique et le pauvre diable. La Renaissance revisitée à travers ses marges
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1 October 2022 - 12:31am

M. Craciunescu, L'inverti, l'hérétique et le pauvre diable. La Renaissance revisitée à travers ses marges, Paris, Hermann, coll. "Les collections de la République des Lettres", 2022

Depuis les années 1980, le XVIe siècle occupe une place privilégiée dans les romans historiques. La plupart de ces ouvrages mettent en scène des personnages référentiels peu connus de la Renaissance, qui se caractérisent par leur marginalité. La figure de l’article «  inverti  », du lettré hérétique et du pauvre diable occupent ainsi une place privilégiée au sein de ce corpus, ce qui n’est pas sans rappeler l’intérêt accru que les seiziémistes ont eux-mêmes porté à des individus marginaux pendant la même période.

EAN : 9791037021137
312 pages
Prix : 45€

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Scholarships Available

XVIIe siècle - Aide au financement d'événements scientifiques
17 January 2022 - 6:26am

La Société d’Etude du XVIIe siècle accorde régulièrement un soutien à des événements scientifiques centrés sur le XVIIe siècle (toutes disciplines confondues).

Les candidats à cette aide devront fournir un argumentaire détaillé du colloque ou de la journée prévue, un programme prévisionnel et un budget de l'événement.

La somme allouée ne pourra pas excéder 500 € (800 € pour les événements organisés par de jeunes chercheurs non statutaires).

Les demandes sont à adresser au président de la Société, Jean-Robert Armogathe (armogathe@gmail.com) et à la secrétaire générale, Lise Michel (lise.michel@unil.ch). Elles seront examinées par le Conseil d'Administration.

Prochain délai : 1er février 2022.

Délai suivant : 15 juin 2022.

http://www.17esiecle.fr/soutien-a-des-evenements-scientifiques/

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Aide au financement de colloques et journées sur le XVIIe siècle
6 January 2021 - 12:24pm

Aide au financement de colloques et journées sur le XVIIe siècle

 

La Société d’Etude du XVIIsiècle accorde régulièrement un soutien à des événements scientifiques centrés sur le XVIIe siècle (toutes disciplines confondues).

Les candidats à cette aide devront fournir un argumentaire détaillé du colloque ou de la journée prévue et un programme prévisionnel.

La somme allouée ne pourra pas excéder 500 € (800 € pour les événements organisés par de jeunes chercheurs non statutaires).

Les demandes sont à adresser au président de la Société, Jean-Robert Armogathe (armogathe@gmail.com) et à la secrétaire générale, Lise Michel (lise.michel@unil.ch). Elles seront examinées par le Conseil d'Administration.

Prochain délai : 27 février 2021.

Délai suivant : 5 juin 2021.

 

The Thomas Jefferson Fund
15 December 2020 - 3:04am

The 2021 Call for Proposals is now open !

Created by the Embassy of France in the United States and the FACE foundation, the Thomas Jefferson Fund aims to encourage and support cooperation among the most promising young French and American researchers, and foster forward-looking collaborative research that addresses the most pressing global challenges.
The selected Franco-American projects will receive up to $ 20,000 over a period of 2 years.
Applications are accepted in the three following fields:
 
Humanities and Social Sciences (HSS)
Science, Technology, Engineering and Mathematics (STEM)
Science for Society (interdisciplinary STEM-HSS projects)
 
The most innovative projects involving significant transatlantic mobility, collaborative research activities, the organization of joint workshops or conferences, the publication of joint articles, and the participation of younger researchers (PhDs) will receive the highest priority.
The grant will cover travel expenses between France and the US, accommodation costs and a part of the organizational costs of joint conferences, and of publication costs.
Partner researchers are encouraged to obtain « in kind » and/or « in cash » co-funding from their institutions or from other sources of funding to cover all other types of expenses necessary to the successful implementation of the joint research project.
Proposals must be jointly submitted by one American researcher and one French researcher at the beginning of their career with mid- to long- term positions at a research or higher education institution in the United States or in France (post-doctorate level, assistant or associate professor, maître de conférences or chargé de recherche).

Deadline for the submission of the project proposals: February 24th 2021
Estimated announcement of the selected projects: June 2021
Estimated launch of the selected projects: Summer 2021

Interested parties are invited to apply here:
http://face-foundation.org/thomas-jefferson-fund/
For more information, please contact the Thomas Jefferson Fund team: thomasjeffersonfund@frenchculture.org

Society for the Study of Early Modern Women and Gender Awards Nomination
1 June 2020 - 12:43am

The Society for the Study of Early Modern Women and Gender is now accepting nominations for awards for scholarly work on women and gender in the early modern period (ca. 1450-1750) published/completed between January 1, 2019 and June 30, 2020. The deadline for all nominations is June 30th, 2020. The deadline includes receipt of all relevant information as well as all materials. Awards will be announced in the fall of 2020.

PLEASE NOTE the special instructions this year for all book categories, below.

ALSO: we know that many conferences were cancelled this spring because of COVID-19, which means that many graduate students may not have been able to present conference papers as planned.  We ask, therefore, that you please make a special effort to encourage graduate students to apply for the Conference Presentation Award for relevant conference papers they presented going back to January 1, 2019.

Awards Categories:

Book Award (scholarly monographs)

Essay or Article Award

Editions Awards (critical editions of primary sources)

For this category, we are seeking nominations for both teaching and scholarly editions. We have three categories for which we may award prizes in a given year. These include: the Josephine Roberts Award for a Scholarly Edition; an award for a teaching edition; and an award for a scholarly edition in translation. Please note: we do not always award prizes for all three of these categories. We ask that all editions nominations be made simply to the umbrella category of “Editions Awards.”

Graduate Student Conference Presentation Award

Collaborative Project Award (Edited Collections of Essays, etc.)

Digital Scholarship, New Media, & Art Award (Web-based projects, exhibitions, concerts, productions of plays, etc.  Note: Since such projects often do not have a single date of publication, nominations are accepted for projects operating in 2019 or the first half of 2020.)

Please see our website for full nomination details: http://ssemwg.org/awards/.  Also: please note that for book awards this year, we need three e-book copies of the text OR equivalent PDF copies in addition to the three hard copies (if available) for each work.  If hard copies are not available by June 30 due to restrictions stemming from the COVID-19 crisis, we will still consider submissions as long as we have the three electronic copies in hand.

Please send inquiries to the Awards Committee Chair, Michelle Dowd, at  mmdowd1@ua.edu

The Forum Essay Prize 2020 – Representations and Literatures of Homelessness
14 January 2020 - 3:44pm

Forum for Modern Language Studies (FMLS) invites submissions on the subject of:  

Representations and Literatures of Homelessness

The closing date for entries is Friday 1st May 2020

[Submissions should address the topic through relevant aspects of the literature, culture or language of any of the subject areas covered by the journal: Arabic, English, French, German, Italian, Portuguese, Spanish and Russian. Please note that material of a predominantly social science or sociological nature falls outside the scope of the journal.]

In inviting submissions to the broad topic of Representations and Literatures of Homelessness, particular consideration may be given to the following:

Nomads and traveller peoples through the ages;

Refugees and asylum seekers;

Homeless genres, genres in inter-zones;

Representations of no (wo)man’s land.

The competition is open to all researchers, whether established or early career. Previous competitions have been won by scholars in both categories. The winner will receive:  1. Publication of the winning essay in the next appropriate issue of Forum for Modern Language Studies  2. A prize of £500 

A panel of judges will read all entries, which will be assessed anonymously. At the judges’ discretion, a runner-up prize of £200 may be awarded. The Editors may commission for publication in Forum for Modern Language Studies any entries that are highly commended by the judges.

Entry requirements and Submission details for Forum Prize 2020:

The closing date for entries is Friday 1 May 2020.

Entries must be written in English, be between 6,000 and 10,000 words in length (including notes), should conform to MHRA style, and must be accompanied by an abstract (approx. 150 words) summarising the principal arguments and making clear the relevance of the article to the competition topic.

Articles should be submitted online at https://mc.manuscriptcentral.com/fmls, be flagged as Forum Prize entries, and follow the journal’s instructions to authors.